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Londres (awp/afp) - L'or est monté en flèche vendredi dans le sillage du vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), le métal jaune étant plus que jamais prisé pour son statut de valeur refuge alors que s'ouvre une ère de forte incertitude économique en Europe.

"L'or a bondi férocement avec des prix conquérant des sommets en près de deux ans après la victoire choquante du Brexit qui a ravivé une vague d'aversion au risque", a souligné Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.

"L'or remplit son rôle classique de valeur refuge et se comporte exactement comme les nombreux investisseurs qui en ont fait l'acquisition pendant la campagne du référendum pouvaient l'espérer", a commenté de son côté dans un communiqué le Conseil mondial de l'or (CMO).

Vers 03H50 GMT (05H50 à Paris), alors que les dépouillements commençaient à pencher en faveur du camp favorable à la sortie du Royaume-Uni de l'UE, le cours de l'once de métal jaune est monté jusqu'à 1.359,08 dollars, son niveau le plus fort depuis le 19 mars 2014 et un bond d'environ 8% par rapport au début des échanges asiatiques, avant de s'installer autour de 1.320 dollars.

"Cela constitue la hausse quotidienne en pourcentage la plus élevée depuis la crise financière de l'automne 2008", ont précisé les analystes de Commerzbank.

Les Britanniques ont voté jeudi à 51,9% des voix pour sortir de l'Union européenne, contre 48,1% pour rester, selon les résultats définitifs publiés vendredi matin par la commission électorale.

Alors que la décision des Britanniques de quitter l'UE a provoqué la panique sur les marchés financiers, avec une livre qui plongeait et des Bourses en forte chute en Asie et en Europe, le Premier ministre David Cameron a annoncé sa prochaine démission de ses fonctions, tout en se voulant rassurant sur la santé économique de son pays.

"Le Premier ministre britannique David Cameron a démissionné juste après les résultats, ajoutant une nouvelle vague de panique sur les marchés alors que sa démission n'était pas attendue aussi tôt, et n'avait clairement pas été prise en compte dans les prix", a noté Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group.

"Avec des inquiétudes élevées qu'une récession entraînée par le Brexit soit imminente, couplées avec les craintes actuelles concernant sur une croissance mondiale chancelante, l'occasion est donnée pour les investisseurs pariant sur la hausse des cours de l'or d'installer une nouvelle vague d'achats significative", a poursuivi M. Otunuga.

De leur côté, les experts de Commerzbank ont jugé que la seule chose qui avait empêché l'or d'augmenter davantage était vraisemblablement l'appréciation du dollar américain, monté vendredi au plus haut en près de quatre mois face à l'euro et en plus de trente ans face à la livre britannique.

Mais le métal jaune devrait selon eux continuer à s'apprécier, d'autant que la décision britannique risque d'inciter d'autres pays européens à organiser des référendums sur leur appartenance à l'UE. Selon les experts de Commerzbank en effet, l'incertitude quant à ce qui pourrait se produire ensuite dans l'arène politique devrait apporter un solide soutien à l'or au cours des prochains mois.

"L'or a progressé de 25% et l'argent de 30% jusqu'à présent cette année. Alors que de ces impressionnantes performances pourraient facilement dissuader les investisseurs de s'impliquer, il n'y a aucune raison sérieuse de s'attendre à une correction majeure" sur ces marchés, a estimé pour sa part Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

De fait, a avancé l'analyste, les multiples facteurs qui ont tiré les métaux précieux à la hausse depuis janvier n'ont pu qu'être renforcés par les derniers développements au Royaume-Uni, alors que les attentes d'une prochaine hausse des taux d'intérêt de la banque centrale américaine, favorables au dollar, se sont effondrées, que les rendements négatifs des obligations souveraines incitent les investisseurs à se tourner vers d'autres actifs plus rémunérateurs et que les inquiétudes entourant la croissance mondiale sont toujours d'actualité.

Le CMO s'attendait ainsi à voir "des entrées fortes et durables (de liquidités) sur le marché de l'or encouragées par la grande incertitude à laquelle sont désormais confrontés les marchés mondiaux".

Ce regain d'attractivité pour le métal jaune devrait se manifester, selon la fédération qui réunit les grands producteurs d'or de la planète, par une accélération des investissements dans les ETF (fonds d'investissements adossés à des stocks physiques d'or, NDLR) ainsi que par une hausse des achats physiques d'or de la part des petits investisseurs de détail.

Suivant la trajectoire de l'or, dont il est considéré comme une alternative meilleur marché, l'argent est monté vendredi vers 03H50 GMT également jusqu'à 18,32 dollars, au plus haut en un an et cinq mois.

Les métaux platinoïdes ont en revanche moins profité que l'or et l'argent de la ruée des investisseurs ver les valeurs refuges, notamment en raison de leur forte utilisation industrielle, qui les expose davantage au risque.

Le platine a tout de même grimpé vendredi jusqu'à 999,60 dollars, au plus haut en deux semaines, tandis que le palladium - dont l'emploi comme métal industriel est plus marqué, est monté ce même jour jusqu'à 567,47 dollars, un maximum en quinze jours également, avant de creuser ses pertes.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.315,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.290,70 dollars le vendredi précédent.

L'once d'argent a clôturé à 18,04 dollars, contre 17,37 dollars il y a sept jours.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 987 dollars, contre 968 dollars sept jours plus tôt.

L'once de palladium a terminé pour sa part à 548 dollars, contre 531 dollars à la fin de la semaine précédente.

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