Zurich (awp) - Le juge unique du district schwyzois de Höfe a ouvert jeudi la procédure de faillite de Sempione Fashion, société qui exploitait les 140 magasins de confection OVS Suisse après avoir repris le groupe Charles Vögele. L'appel aux créanciers interviendra d'ici quatre semaines, précise l'Office des poursuites et faillites du district sur son site internet.

L'ouverture de la faillite à l'encontre de Sempione Fashion, société établie à Freienbach, intervient après deux mois de sursis concordataire, indique vendredi Unia dans un communiqué. Prenant acte de la procédure, le syndicat déplore la disparition de 1180 emplois en Suisse et demande à l'administrateur de la faillite et aux caisses de chômages concernées de tout mettre en oeuvre pour indemniser rapidement les salariés lésés.

Sur son site internet l'Office des poursuites et faillites du district de Höfe précise qu'il demandera à la première assemblée des créanciers de pouvoir procéder à une administration extraordinaire de la faillite. Celle-ci se justifie du fait de l'ampleur de la procédure laquelle dépasse les limites de capacité de l'Office. Les prétentions ne peuvent être soumises que sous forme électronique.

Dans son communiqué, Unia appelle les employeurs et politiques à agir face aux changements structurels afin d'éviter plus de casse dans la branche de l'habillement mise à mal par la concurrence du commerce en ligne. Le syndicat estime notamment qu'il convient pour les entreprises disposant d'un grand nombre de filiales et dont l'actionnariat est étranger telles que Sempione Fashion de renforcer la protection des salariés.

Droits participations à renforcer

Unia note qu'il faudrait notamment renforcer les droits de participation des employés lorsque l'entreprise compte un grand nombre de filiales, ainsi que clarifier et rendre impérative la livraison des informations économiques lors de la procédure de consultation. Et le syndicat de rappeler la large responsabilité du groupe italien OVS, important actionnaire de Sempione Fashion, lequel s'est défilé et a refusé tout soutien au personnel licencié.

Dans son communiqué, Unia regrette aussi le manque de coopération de certaines caisses publiques de chômage vis-à-vis des demandes d'indemnisation des salariés et leur demande de respecter la loi. Les employés de Sempione Fashion ne sont pas responsables "du chaos qui a régné chez Sempione Fashion, ni des documents lacunaires ou inexacts qui leur ont été délivrés".

Unia demande à l'administrateur de la faillite de tout mettre en oeuvre pour corriger ces erreurs aux conséquences négatives pour les employés. Pour sa part, le syndicat continuera à accompagner ses membres dans ces démarches compliquées. Unia maintient que la procédure de consultation ne s'est pas déroulée correctement et fera valoir deux mois de créance de salaire supplémentaires pour licenciement abusif auprès de l'Office des poursuites et faillites.

Pour mémoire, Sempione Fashion avait été placée fin mai en sursis concordataire. L'entreprise avait alors averti qu'il était "malheureusement incontournable" d'envisager un licenciement collectif. Pour justifier cette situation, elle avait évoqué "un chiffre d'affaires durablement insuffisant", qui a conduit à "d'importantes difficultés financières", sans dévoiler de chiffres concrets.

Ardoise de 114 millions de francs suisses

Selon les estimations de la Handelszeitung, OVS et son patron Stefano Beraldo auraient perdu 100 millions d'euros (114 millions de francs suisses) dans leur aventure suisse. L'un des actionnaires de Sempione, la société d'investissement Elarof Trust des héritiers de Sandoz, envisage des poursuites judiciaires contre OVS, selon le journal.

Les premiers points de vente OVS avaient commencé à remplacer ceux de Charles Vögele début 2017, après l'acquisition de la chaîne de confection schwyzoise par Sempione Fashion fin 2016. Le processus s'était achevé durant l'été 2017. Mais, depuis, les difficultés se sont accumulées pour l'enseigne italienne sur un marché suisse de l'habillement en contraction face notamment à la redoutable concurrence des sites de ventes en ligne, tels que l'allemand Zalando.

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