Le Platine et le Palladium, une histoire de normes anti-pollution

De nombreux pays affichent leur volonté politique de mettre un terme, dans les années à venir, à l’utilisation des véhicules diesel, jugés trop polluants. Ainsi en France, pour inciter les automobilistes à se débarrasser de leurs vieilles voitures polluantes, la prime à la casse a été remplacée en janvier 2018 par de nouvelles primes à la conversion. Une hausse des taxes sur le diesel est également programmée à intervalles réguliers jusqu’en 2022 pour une augmentation finale d'environ 30 centimes au litre de gazole. Plus globalement, bon nombre de pays européens prévoit d'interdire l’accès des centres urbains aux voitures diesels dans un horizon proche. Plusieurs ont également pour ambition de bannir dans un avenir proche ce mode de propulsion : 2025 pour la Norvège et les Pays-Bas, 2030 pour l’Irlande et 2040 pour le Royaume-Uni.

En conséquence, les constructeurs adaptent leurs produits et remplacent leurs offres diesel par des voitures hybrides, électriques ou essence. Ces changements impactent les demandes de matières premières. Le palladium est incorporé dans les convertisseurs catalytiques des voitures essence pour limiter les émissions polluantes. L'orientation politique en faveur d'un marché automobile plus propre profitant aux voitures essence bénéficie par voie de conséquence au palladium.

Preuve à l’appui de sa position privilégiée : son cours ne s’arrête plus de grimper avec +154% en 3 ans. Le palladium a dépassé la valeur de l’or en 2018 et a atteint les 1 800 $ l’once le 28 novembre dernier.

Au contraire le platine souffre : son principal usage industriel est en effet dédié à la fabrication des pots catalytiques des moteurs diesel pris pour cible par les réformes. En 3 ans, les cours de ce métal ont reculé de 1,4%.

/**/

L’or et l’argent fortement impactés par l’économie mondiale.

Les indices boursiers ont beau fixer des records historiques, les valeurs refuges telles que l’or gardent la cote. La faute au climat géopolitique tendu dû entre autres au Brexit en zone Euro, à la guerre économique entre les Etats-Unis et la Chine et aux tensions géopolitiques au Moyen-Orient.

Un arbitrage en faveur des valeurs refuges appuyé, en outre, par la baisse des taux de la FED. En effet le 30 octobre dernier, l’institution monétaire a une nouvelle fois baissé ses taux directeurs pour limiter les effets d’un ralentissement de l’économie. A ce titre, la persistance des politiques monétaires accommodantes à travers le globe tend à écraser les rendements obligataires. En conséquence, que l’on raisonne en valeurs nominales ou réelles, la plupart des obligations à 10 ans des Etats développés affichent des taux négatifs ou proche de zéro comme c’est le cas en France, en Allemagne et au Danemark. Dans ce cadre, les investisseurs préfèrent une once d’or qui, en raison de l’absence de rendement, ne présente pas de taux inférieurs à zéro. Ils apprécient également que l’or ne soit pas adossé aux dettes nationales, dont le poids ne cesse de s’alourdir.

L’or et l’argent sont également drainés par la joaillerie, qui représente respectivement 52 et 24% de leur utilisation. Les bijoux de luxe connaissent une croissance moyenne annuelle de +8% sur 2011-2017 (changes constants). Malgré une balance offre-demande stable, le métal jaune enregistre depuis 2017 une augmentation de son cours de plus de 24% et a même atteint son plus haut niveau depuis 6 ans en accrochant les 1 552,5 $ l’once en septembre.

Les investisseurs tels que des ETF assimilent dans des paniers les différents métaux précieux, liant d’une certaine manière les cours de l’or et de l’argent. Avec les mêmes conséquences, ces métaux rares sont stockés par les Etats et les banques centrales. Ces dernières ont augmenté leurs réserves de +144% par rapport à début 2017.
/**/

Nous venons de le voir, un quart de la demande d’argent sert à la bijouterie. Un autre quart provient des investisseurs et la dernière moitié est destinée à un usage industriel. En effet, l’argent est utilisé dans l’industrie technologique, robotique et des semi-conducteurs. Ces secteurs sont dépendants de l’économie mondiale, ce qui confère à l’argent un profil de métal industriel, plus instable que l’or.

/**/

En résumé, les normes écologiques défavorables aux voitures diesel pèsent sur le platine et sont au contraire bénéfiques aux véhicules à essence et donc au palladium. Au niveau économique, c’est l’instabilité due aux nombreuses tensions, l’assouplissement prolongé des politiques monétaires et la stabilité de la demande dans la joaillerie qui permettent à l’or d'afficher une jolie croissance. L’argent pour sa part, se comporte tel un métal industriel à cause de ses utilisations et subit davantage les aléas du cycle économique.