Pernod Ricard (+1,33% à 151,85 euros) a pris la tête du CAC 40, soutenu par sa soif d'alcools artisanaux. Après l'acquisition du gin allemand Monkey 47 en 2016, du gin canadien Ungava en 2018 et du gin italien Malfy en 2019, le groupe français a signé un accord pour une prise de participation significative dans le fabricant japonais de gin "ultra premium" KI NO BI Kyoto Dry Gin. Portée par l'essor de la mixologie dont raffole les "millennials", cette catégorie de gin affiche une santé éclatante. Elle est par ailleurs très rentable avec des bouteilles vendues à plus de 60 euros.

Cet investissement sera principalement consacré à la construction d'une nouvelle distillerie afin de faire face à la demande.

Selon le cabinet britannique IWSR, référence mondial du secteur, KI NO BI a produit, en 2018, 9 000 caisses de neuf litres (l'équivalent d'une caisse de 12 bouteilles traditionnelles), un chiffre en hausse de 70%. 80% de la production a été écoulée au Japon, le reste au Royaume-Uni, en Italie, au Pays-Bas et en Suisse. Les ventes auraient représenté 4,9 millions de dollars.

Produit en petite série, KI NO BI est un gin artisanal fabriqué à partir de l'assemblage d'un alcool de riz de haute qualité avec des ingrédients issus du terroir japonais tels que le yuzu, le poivre sansho, le gingembre et le thé gyokuro.

Comme pour les précédents partenariats, Pernod Ricard s'associe avec les dirigeants du groupe qui restent aux commandes de la société.

Selon le groupe français, cette stratégie de "super premiumisation" délivre des résultats solides grâce à son vaste réseau de distribution. Les ventes des marques de spécialités du groupe enregistrent une croissance à deux chiffres, bien supérieure à la moyenne du secteur.

Par ailleurs, à l'image de la vodka, le gin n'a pas besoin de vieillir en cave. Il n'immobilise donc pas de capital et génère une marge confortable. En 2019, le gin représentait 5% des ventes du groupe.

Jefferies a confirmé sa recommandation d'Achat et son objectif de cours de 190 euros sur Pernod Ricard dans le sillage de cette annonce.

Le broker salue cette acquisition de plusieurs dizaines de millions de dollars qui confirme la stratégie du groupe de renforcer son portefeuille avec des marques identifiées et qui restent dirigées par leurs fondateurs, souligne le bureau d'études.

Pour Pernod Ricard, ce type d'acquisitions comporte moins de risques que de se développer en interne.

Jefferies estime par ailleurs que l'incertitude liée au coronavirus peut peser sur le titre, mais cette volatilité constitue un point d'entrée intéressant sur l'un des rares groupes en plein changement au sein du secteur des vins et spiritueux.