Le deuxième plus grand groupe de spiritueux au monde derrière le britannique Diageo, qui réalise 10% de ses ventes en Chine, a expliqué ne pas pouvoir estimer pour l'instant la durée et l'impact de cette crise sanitaire mais a précisé qu'il restait cependant confiant sur sa stratégie globale.

Le groupe français table désormais sur une croissance interne de son résultat opérationnel courant comprise entre 2% et 4% pour l'exercice 2019-2020 qui sera clos le 30 juin prochain, alors qu'il prévoyait auparavant une progression de 5% à 7%.

Cette révision à la baisse des prévisions du groupe français a été annoncée à l'occasion de la publication de résultats semestriels supérieurs aux attentes, soutenus par des baisses de coût et la survenue plus précoce cette année du Nouvel An lunaire, dont les festivités ont commencé le 25 janvier cette année alors qu'elles avaient été lancées le 5 février en 2019.

Le résultat opérationnel courant s'est établi à 1,79 milliard d'euros au premier semestre, en progression de 4,3% par rapport à la même période il y a un an, alors que les analystes envisageaient une hausse de 3%.

Le chiffre d'affaires dégagé sur les six mois à fin décembre a atteint 5,47 milliards d'euros, soit une croissance organique de 2,7%, là encore au-delà des attentes des analyses, qui visaient une augmentation de 2,1%.

REPRISE EN CHINE A PARTIR DE JUIN

Cette évolution a notamment été portée par un bond de 11% des ventes en Chine, soutenues par une croissance à deux chiffres des ventes de cognac Martell au deuxième trimestre.

Pernod Ricard réalise 44% de ses ventes dans la région Asie-Pacifique, moteur de sa croissance.

Comptant pour 10% des ventes du groupe français, la Chine est son deuxième marché derrière les Etats-Unis et Pernod Ricard comptait sur la jeunesse locale et l'expansion de la classe moyenne chinoise pour encore soutenir ses ventes à l'avenir.

Le groupe a précisé que même si son programme d'expéditions en lien avec le Nouvel An lunaire suivait son cours, "la reconstitution des stocks et l'activité commerciale après cette période de festivités restent incertaines."

Pernod envisage pour l'instant une reprise graduelle de l'activité dans les bars et restaurants en Chine à partir de mars et un retour à la normale en juin, ainsi qu'une reprise à partir de mars dans le commerce de détail.

Les ventes perdues en Chine - qui représente plus du quart de la consommation mondiale de boissons alcoolisées selon l'agence de notation Moody's - et au niveau du "travel retail" (les boutiques d'aéroports) pourraient amputer de 2% les ventes de Pernod et de 3% de son résultat net courant.

Le fonds activiste Elliott, qui détient une participation de 2,5%, fait pression pour que le groupe de spiritueux améliore sa marge et modifie sa gouvernance.

Pernod Ricard a présenté en février 2019 un plan stratégique sur trois ans visant à augmenter sa marge opérationnelle et ses dividendes, que le fonds activiste aurait souhaité plus ambitieux.

(Dominique Vidalon ; version française Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame)

Valeurs citées dans l'article : Pernod Ricard, Diageo plc