PARIS (Agefi-Dow Jones)--Pernod Ricard n'entend pas lever le pied sur ses investissements en 2019/20 même si sa croissance organique pourrait pâtir d'un contexte international compliqué par les tensions commerciales et le Brexit.

Le groupe a annoncé jeudi qu'il visait une croissance interne de son résultat opérationnel courant comprise entre 5% et 7% pour l'exercice en cours, après une hausse de 8,7% au cours de l'exercice 2018/19 clos fin juin.

"Nous restons très confiants sur notre capacité à atteindre nos objectifs dans un environnement légèrement dégradé", a indiqué le président-directeur général du groupe, Alexandre Ricard, dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones.

En Chine, où le groupe a vu ses ventes bondir de 21% en données comparables au cours de l'exercice écoulé, Pernod Ricard s'attend à une "modération" de la croissance cette année, en raison de bases de comparaisons élevées et de la nécessité de limiter ses expéditions de cognac. "Nous nous inscrivons sur la durée. Nous visons pour cette année en Chine un taux de croissance compris entre 7% et 13%, en ligne avec nos objectifs de moyen terme", a souligné Alexandre Ricard.

Investissement en Chine, accélération aux USA

Signe de l'importance de ce marché, le numéro deux mondial des vins et spiritueux a annoncé jeudi la construction d'une distillerie de whisky dans la région du Sichuan, dans laquelle il prévoit d'investir jusqu'à 150 millions de dollars (environ 135 millions d'euros) au cours de la prochaine décennie.

Aux Etats-Unis, son premier marché, Pernod Ricard veut accélérer après une année en demi-teinte. Les ventes du groupe sur le continent américain n'ont progressé que de 2% en 2018/19, freinées par la vodka Absolut et par une politique plus rigoureuse de gestion des stocks des grossistes.

Pernod Ricard a annoncé qu'il lancerait prochainement une offre publique d'achat amicale sur Castle Brands, propriétaire du bourbon Jefferson's, pour un montant de 223 millions de dollars, soit environ 201 millions d'euros. "Nous étions absents du Bourbon aux Etats-Unis depuis 2009. Cette acquisition s'inscrit dans la stratégie de renforcement du groupe sur ses marchés clés et sur les catégories en forte croissance", a commenté Alexandre Ricard.

Le marché salue les résultats et la politique de rémunération

Le titre gagnait 2,3% jeudi à la mi-journée, les analystes saluant des résultats supérieurs aux attentes, le relèvement de 32% du dividende et l'annonce d'un programme de rachat d'actions d'un milliard d'euros d'ici à fin juin 2021.

Les résultats de Pernod Ricard pour son exercice décalé 2018-2019 sont très positifs, et la croissance organique du chiffre d'affaires du groupe au quatrième trimestre est étonnamment encourageante, ont estimé les analystes de Bryan Garnier dans une note.

Au cours de l'exercice clos fin juin, le bénéfice net de Pernod Ricard s'est établi à 1,45 milliard d'euros, en baisse de 8% par rapport à l'exercice précédent. Mais hors éléments exceptionnels, le bénéfice a progressé de 9,5%, à 1,65 milliard d'euros. Le résultat opérationnel courant (ROC) a augmenté de 9,5% en données publiées et de 8,7% sur une base organique, à 2,58 milliards d'euros. Le groupe visait une croissance d'"environ 8%" de son résultat opérationnel courant.

De son côté, le chiffre d'affaires a augmenté de 5,3%, à 9,18 milliards d'euros. A périmètre et changes constants, la croissance organique, dite aussi interne, des revenus s'est inscrite à 6%.

Des relations "normales" avec Elliott

L'actualité du groupe a été marquée par l'entrée au capital l'année dernière de Elliott Management qui réclamait des changements de gouvernance et une amélioration de sa rentabilité. Alexandre Ricard a réaffirmé jeudi qu'il poursuivait le dialogue avec le fonds activiste. "Nos relations avec Elliott sont normales tout comme elles le sont avec nos autres actionnaires. Nous ne les voyons ni plus ni moins que nos autres actionnaires", a-t-il indiqué à l'agence Agefi-Dow Jones.

Pernod Ricard a annoncé jeudi qu'il proposerait lors de la prochaine assemblée générale la nomination de deux nouveaux administrateurs, Philippe Petitcolin et Esther Berrozpe Galindo, en remplacement de Pierre Pringuet et Martina Gonzalez-Gallarza.

Ces nominations visent à renforcer l'indépendance du conseil d'administration, une demande formulée par Elliott Management qui détient une participation de 2,5% dans le groupe contrôlé par la famille Ricard.

-François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH

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