Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en repli de près de 5%.

À Paris, le CAC 40 perd 6,81% à 4.788,98 points vers 12h00 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 6,61% et à Francfort, le Dax recule de 6,84%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 7,07%, le FTSEurofirst 300 de 6,56% et le Stoxx 600 de 6,39%.

Pour ce dernier comme pour le CAC 40, il s'agit de la plus forte baisse sur une séance depuis le 24 juin 2016, au lendemain du vote des Britanniques en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

L'indice parisien évolue au plus bas depuis janvier 2019 et accuse désormais un repli de plus de 20% depuis son plus haut de février, la définition du "bear market" (marché baissier).

La Bourse de Milan perd quant à elle 10,17% au lendemain de l'annonce de mesures d'isolement de plusieurs régions, dont la Lombardie, pour tenter de freiner la propagation de l'épidémie de coronavirus qui a déjà fait plus de 350 morts dans le pays.

Mais c'est bien le marché pétrolier qui est à l'origine du plongeon des indices boursiers après la décision de l'Arabie saoudite de baisser ses prix de vente et d'augmenter sa production, conséquence de l'échec des discussions entre l'Opep et la Russie pour tenter de soutenir les cours.

PÉTROLE

Le Brent abandonne 21,71% à 35,44 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 22,24% à 32,10 dollars. Il faut remonter à 1991, pendant la première guerre du Golfe, pour retrouver des chutes aussi spectaculaires.

Au-delà de la rupture au sein de l'"Opep+" et du revirement stratégique de Ryad, le marché du brut se prépare à une diminution durable de la demande mondiale: selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), celle-ci devrait accuser cette année sa première baisse depuis 2009.

"L'équilibre du marché dépend désormais de la production américaine", estime Paul Sankey, directeur exécutif de Mizuho Securities USA, qui s'attend à une période prolongée de cours entre 30 et 40 dollars.

VALEURS EN EUROPE

Côté action, aucun secteur de la cote européenne n'est épargné mais la chute la plus forte affecte logiquement le compartiment du pétrole et du gaz, dont l'indice Stoxx abandonne 14,3%.

Parmi les grandes compagnies pétrolières, Total cède 12,3%, BP 20,12% et Royal Dutch Shell 13,88%.

Du côté des parapétrolières, dont certaines affichent une situation financière jugée préoccupante, CGG s'effondre de 32,27%, Vallourec de 22,11% et TechnipFMC de 18,9%. La plus forte baisse du Stoxx 600 est pour le britannique Tullow Oil (-23,65%).

Le secteur des matières premières cède quant à lui 9,32%.

Celui des banques affiche un repli de 8,96% et celui des seules valeurs bancaires de la zone euro (-10,79%) a touché son plus bas niveau historique.

Ces chutes continuent d'alimenter la volatilité des marchés d'actions: l'indice Vix de volatilité de l'EuroStoxx 500 s'envole de plus de 30% et a touché un plus haut depuis 2008.

TAUX

La tension est tout aussi vive sur le marché obligataire, le mouvement de repli sur les actifs refuges amplifiant la baisse continue des rendements, d'autant que les investisseurs anticipent de nouvelles réductions des taux d'intérêt directeurs des grandes banques centrales dans les jours et les mois à venir.

Le rendement du Bund allemand à dix ans cède ainsi 14 points de base à -0,871%, un nouveau plus bas historique et son équivalent américain affiche un repli de plus de 28 points à 0,4152%.

Les rendements de référence britanniques jusqu'à sept ans inclus sont quant à eux passés pour la première fois en territoire négatif tandis que le dix ans revenait sous 0,1%.

Ce mouvement est favorisé entre autres par la dégradation rapide des anticipations d'inflation: pour la zone euro, le taux d'inflation "à cinq ans dans cinq ans", un baromètre très suivi, est tombé pour la première fois sous 1%.

Exception notable, la dette italienne voit ses rendements s'envoler après les mesures d'isolement mises en place dans le pays affectant un quart de la population.

CHANGES

Sur le marché des devises, le dollar poursuit sa descente aux enfers avec la perspective, jugée de plus en plus crédible, d'une nouvelle baisse de taux de la Réserve fédérale après celle d'un demi-point annoncée mardi dernier.

Le billet vert cède près de 3% face au yen, au plus bas depuis plus de trois ans, et se déprécie de plus de 1% face à l'euro, qui remonte à plus de 1,14 dollar, son plus haut niveau depuis janvier 2019.

MÉTAUX

Les métaux de base comme le cuivre et le nickel cèdent autour de 3% tandis que l'or reste orienté à la hausse après avoir franchi les 1.700 dollars l'once pour la première fois depuis 2013.

(Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)