TOKYO, 9 mars (Reuters) - Les cours du pétrole s'effondrent lundi après la décision de l'Arabie saoudite de casser ses prix de vente et de prévoir une forte augmentation de sa production au moment où l'épidémie de coronavirus réduit significativement la demande mondiale.

Les deux contrats à terme de référence sur le brut perdent près de 30%, à moins de 30 dollars pour le baril de brut léger américain (WTI) et moins de 34 dollars pour celui de Brent de mer du Nord, à l'approche de l'ouverture des marchés européens.

Les marchés asiatiques ont fortement reculé avec notamment un plongeon de plus de 5% du Nikkei à Tokyo et un repli des investisseurs vers les valeurs refuges comme le yen et l'or.

"Je crois que toutes les prévisions sont à jeter par la fenêtre", commente Jonathan Barrat, directeur des investissement chez Probe Securities à Sydney. "On dirait une course vers le bas pour arracher des commandes."

Ryad a réduit le prix de vente officiel pour le mois d'avril de toutes ses qualités de brut vers toutes les destinations, une décision prise après l'échec des discussions entre l'Opep et la Russie sur un nouvel accord d'encadrement de la production. Le royaume, premier exportateur mondial de pétrole, prévoit d'augmenter sa production de brut à plus de 10 millions de barils par jour (bpd) le mois prochain, selon des sources jointes par Reuters.

La désintégration du groupe appelé Opep+, qui associe les pays membres du cartel d'autres à d'autre producteurs dont la Russie, met un terme à trois ans de coopération visant à encadrer la production afin de soutenir les prix.

L'Arabie saoudite entend punir la Russie, deuxième producteur mondial, de ne pas avoir soutenu les réductions de la production proposées la semaine dernière par l'Organisation des pays producteurs de pétrole.

Le revirement de Ryad marque un retour à une stratégie visant à gagner des parts de marché, semblable à celle qui avait été mise en place en 2014 et avait fait chuter les cours.

Cette stratégie, associant l'Arabie saoudite, la Russie et d'autres producteurs majeurs, avait alors pour but de pénaliser la production aux Etats-Unis de pétrole et de gaz de schiste, plus coûteux à extraire. Elle s'était maintenue jusqu'en 2016.

"Le pronostic pour le marché pétrolier est encore plus sombre qu'en 2014, lorsqu'une guerre des prix semblable avait commencé, parce qu'elle entre en collision avec un effondrement significatif de la demande mondiale lié au coronavirus", lit-on dans une note de Goldman Sachs.

La banque américaine et d'autres dont Morgan Stanley ont réduit leurs prévisions de demande mondiale en prédisant une croissance nulle en 2020 de la demande de la Chine, premier exportateur mondial.

(Aaron Sheldrick, version française Patrick Vignal, édité par Blandine Hénault)