(Répétition sans changement d'une dépêche transmise vendredi)

* Performance des classes d'actifs en dollar depuis début 2007 et le Brexit : http://reut.rs/2sxO66c

* Performance des marchés émergents en dollar depuis dévut 2017 : http://reut.rs/2sxO66c

par Marc Jones

LONDRES, 26 juin (Reuters) - Les actions sont en passe d'enregistrer leur meilleur premier semestre depuis la crise asiatique de 1998 tandis que le pétrole et le dollar s'apprêtent à afficher leur pire performance sur une première partie de l'année depuis longtemps.

La période a été marquée par le débouclement des "Trump trades", ces positions prises dans la perspective d'une relance budgétaire et fiscale massive aux Etats-Unis après l'élection de Dnoald Trump, qui devait favoriser la hausse des taux, du dollar et des marchés actions.

Elle a aussi été caractérisée par la dissipation du risque politique et une accélération de la reprise en Europe, qui ont favorisé un retour des investisseurs.

Graphique : http://reut.rs/2sxO66c

La performance exprimée en dollar de l'indice MSCI Monde depuis le début de l'année, de l'ordre de 10%, doit beaucoup à celle de près de 16%-17% des marchés émergents et des valeurs européennes.

Le pétrole arrive bon dernier du palmarès des classes d'actifs sur les six derniers mois, en dépit de l'accord de réduction de la production mis en oeuvre par l'Opep et un certain nombre de pays non-membres du cartel pour tenter de résorber l'excédent d'offre et les stocks accumulés sur le marché.

La hausse de la production des producteurs nord-américains de pétrole de schiste et de certains pays comme le Nigéria et la Libye a contribué à une baisse de 20% des cours du brut depuis le début de l'année, la plus forte enregistrée sur une première partie d'année depuis 1997, bien que très inférieure à la chute de 50% enregistrée au second semestre 2014.

Les actions ont bien résisté dans l'ensemble en dépit d'une correction sur les valeurs technologiques au début du mois de juin et d'une série d'indicateurs économiques décevants aux Etats-Unis, y compris sur l'inflation, qui ont eu raison des "Trump trades".

Le dollar a reculé de 4,5% contre un panier des principales autres grandes devises mondiales, son pire premier semestre depuis 2006, en dépit des deux hausses de taux directeurs déjà décidées cette année par la Réserve fédérale.

"A l'échelle mondiale, cela renforce l'appétit pour les actifs risqués", a dit Didier Duret, responsable des investissements chez ABN Amro.

Il souligne aussi l'effet favorable pour les marchés de la défaite des partis populistes lors des scrutins électoraux aux Pays-Bas et en France et la synchronisation de la reprise à travers le monde.

L'économie de la zone euro devrait croître de 2% cette année, sa meilleure performance depuis une décennie, tandis que les dernières données publiées sur le moral des consommateurs européens montre qu'il est au plus haut depuis 16 ans.

Les marchés émergents ne sont pas en reste avec une amélioration de leur croissance et de leurs échanges extérieurs.

"Il apparaît de plus en plus clairement que nous constatons une stabilité cumulative, avec une volatilité plus faible et une moindre corrélation entre les actifs, ce qui favorise la création d'une dynamique favorable aux actions", a dit Duret.

Les valeurs américaines ont dégagé une performance de près de 10% depuis le début de l'année mais de nombreux investisseurs estiment que les valeurs européennes sont plus intéressantes en raison de valorisations qui restent inférieures.

"Il y avait auparavant de nombreuses raisons pour ne pas investir en Europe mais maintenant l'Europe a une croissance supérieure à celle des Etats-Unis", a relevé Luca Paolini, stratège chez Pictet Asset Management.

Sur la semaine au 21 juin, les fonds investis en actions américaines ont enregistré les rachats les plus élevés en cinq semaines, selon une étude publiée vendredi par BofA Merrill Lynch.

"ATTERRISSAGE PARFAIT"

Les marchés émergents ont absorbé sans difficulté les hausses de taux de la Fed tout comme les reculs du pétrole et des valeurs technologiques.

Si les actions émergentes sont en tête du palmarès, la dette s'est aussi très bien comportée avec une performance de 10% des obligations souveraines en devises locales et de 6% pour celles libellées en devises fortes.

"A la fin de l'année dernière, tout le monde était à l'achat sur le dollar et puis tout le monde a réalisé qu'il s'affaiblissait. Généralement, quand cela arrive, c'est très bon pour les actifs émergents", a dit François Savary, responsable des investissements de la société de gestion suisse Prime Partners.

Il estime qu'ils ont encore un potentiel de hausse dans l'année à venir après cinq ans de sous-performance. Mais les marchés émergents n'ont pas tous été des paris gagnants.

La Bourse de Moscou, très corrélée au cours du pétrole et en vedette à la fin 2016, a chuté de 17% depuis le début de l'année. En Turquie, importateur net de pétrole, les actions ont en revanche bondi de 30% en dépit d'une inflation galopante et d'une situation politique instable.

Graphique : http://reut.rs/2sxO66c

Sur le front des devises émergente, le peso mexicain est le grand gagnant de la première partie de l'année avec une hausse de 14% contre le dollar qui lui a permis d'effacer les pertes subies en réaction aux menaces de mesures protectionnistes et anti-immigration formulées par Donald Trump pendant sa campagne électorale mais qu'il ne pas mises à exécution depuis son élection.

Le zloty polonais s'est apprécié quant à lui de 10% contre la devise américaine, plus que l'euro, qui a pris 5,8%.

Le réal brésilien figure parmi les devises qui se sont le plus dépréciées, chutant de 5%, en réponse aux nouveaux rebondissements du scandale politico-financier qui secoue le pays et pèse sur ses perspectives économiques.

"La question pour les six prochains mois est de savoir jusqu'où l'élan positif sur l'Europe peut aller", a dit Duret, ajoutant que la capacité de la Chine à continuer de piloter un "atterrissage en douceur parfait" serait aussi déterminante.

(avec Sujata Rao et Dhara Ranasinghe, Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)