SAO PAULO, 27 mars (Reuters) - La Bourse de Sao Paulo et le réal brésilien se sont envolés jeudi en réaction à un sondage montrant une baisse de la popularité de la présidente Dilma Rousseff, dans l'espoir d'un changement de politique plus favorable aux marchés.

L'indice Bovespa a clôturé en hausse de 3,5%, sa meilleure performance depuis près de sept mois, tandis que le réal s'est apprécié de 1,72% face au dollar, sa plus forte hausse depuis novembre.

L'indice MSCI de l'Amérique latine, où les valeurs brésiliennes ont une pondération de près de 56%, a gagné 3,33%, du jamais vu depuis 2012.

Dans un sondage sondage réalisé par l'institut Ibope et publié jeudi, Dilma Roussef recueille 51% d'opinions favorables contre 56% en novembre et le taux d'approbation du gouvernement est tombé à 36% contre 43%, tandis que les mécontents sont passés de 20% en novembre à 27%.

La présidente sortante reste favorite pour l'élection du 5 octobre mais les investisseurs espèrent qu'elle sera contrainte d'infléchir sa politique.

Les interventions répétées de l'Etat dans le secteur privé et ses décisions parfois contraires aux intérêts des actionnaires minoritaires dans les groupes publics ont échaudé les marchés.

Parmi ces derniers, la banque Banco do Brasil et la compagnie pétrolière Petroleo Brasileiro (Petrobras) ont bondi de 7% en Bourse jeudi, tandis que la compagnie d'électricité nationale Centrais Eletricas Brasileiras (Eletrobras) s'envolait de plus de 10%.

"Tout sondage qui augmente la possibilité d'une non-reconduction du gouvernement (Roussef) soutient ces valeurs", a commenté Thiago Montenegro, trader chez Quantitas Asset à Porto Alegre. "Le marché espère que les grands groupes publics ne seront pas plus maltraités comme ils l'ont été jusqu'à présent".

L'action Petrobras a perdu près de 40% de sa valeur depuis l'arrivée de Dilma Roussef aux affaires en 2011, le groupe étant contraint de vendre du carburant à perte pour limiter l'inflation.

Eletrobras a aussi des tarifs bas tandis que Banco do Brasil a été obligé de réduire ses marges sur ses prêts afin de soutenir la consommation.

"Le marché se dit que le gouvernement va peut-être changer de politique à court terme compte tenu de sa baisse de popularité", analyse Gustavo Mendonca, économiste chezSaga Capital à Rio de Janeiro. "Mais ce rally ne sera durable que si on voit arriver en effet des bonnes nouvelles."

Le réal, de son côté, a profité du sentiment qu'un nouveau gouvernement gérerait mieux les finances publiques, ce qui rendrait les actifs brésiliens plus intéressants pour les investisseurs étrangers, ajoute-t-il. (Asher Levine, Véronique Tison pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Banco do Brasil SA, Petroleo Brasileiro Petrobras SA