Rome (awp/afp) - Le constructeur automobile italo-américain Fiat-Chrysler (FCA) est au centre de nombreuses convoitises, essentiellement françaises, avec des signes d'intérêt manifestés ces derniers jours par les groupes français Renault et PSA.

"Fiat n'est pas en mesure d'aller de l'avant comme ça pendant encore une longue période. Les marques américaines vont très bien, les italiennes et européennes sont de plus en plus en difficulté", a expliqué mercredi à l'AFP Giuseppe Berta, professeur à l'université Bocconi de Milan et ancien directeur des archives de Fiat.

"Sur le long terme, on ne peut pas maintenir un déséquilibre aussi fort", a-t-il ajouté.

La dernière manifestation en date d'intérêt pour FCA vient du groupe automobile français Renault.

"Il y a quelques belles marques chez FCA et l'histoire prouve que nos Français savent redresser des entreprises", a commenté pour l'AFP un expert automobile, en insistant sur les "économies d'échelle" potentielles. "Surtout, il y a actuellement sur le marché peu de marques de dimension mondiale disponibles. Une marque (comme Chrysler par exemple, ndlr) peut être une porte d'entrée aux Etats-Unis, le deuxième marché mondial".

Selon le Financial Times mercredi, Renault veut reprendre "dans les 12 mois à venir" les discussions avortées de fusion avec son partenaire Nissan, avant de jeter son dévolu sur un autre constructeur, probablement Fiat Chrysler.

Pour le quotidien britannique, qui cite "des personnes au fait des projets" de la marque au losange, "l'intention de Renault est de rouvrir des discussions +dès que possible+" afin de rendre irréversible l'alliance née il y a exactement 20 ans avec Nissan.

"La société résultant de la fusion procèderait ensuite à une acquisition afin d'être plus forte dans la lutte pour la domination mondiale avec Volkswagen et Toyota", ajoute le FT. FCA apparaît parmi "les cibles privilégiées".

Début mars, le groupe PSA (marques Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall), concurrent de Renault, avait manifesté son intérêt pour FCA.

"Tout est ouvert, si on gagne de l'argent, on peut rêver de tout", avait déclaré le patron du constructeur français Carlos Tavares, interrogé au salon de l'automobile de Genève sur des rumeurs de mariage avec FCA.

PSA et FCA complémentaires

"FCA est un groupe qui se porte bien et il a ses points de force", a relevé mercredi Andrea Montanino, directeur du Centre d'études de Confindustria, le syndicat du patronat italien.

"Pour un acquéreur potentiel, Fiat en tant que tel n'apporte pas grand-chose sur les produits", nuance un autre analyste français auprès de l'AFP. "Il n'y a pas de pépites, ils n'ont pas beaucoup investi sur les nouveaux modèles".

Pour le quotidien de référence italien Corriere della Sera, les deux groupes, PSA et FCA, apparaissent assez complémentaires: FCA est fort aux Etats-Unis où PSA est absent, mais PSA a un train d'avance sur Fiat dans la conception de voitures électriques.

A deux, PSA et FCA produiraient "plus de 9 millions de véhicules par an, ce qui les positionnerait au niveau des plus grands groupes du secteur comme Volkswagen, Toyota, Renault-Nissan-Mitsubishi et General Motors", précise le Corriere.

"L'industrie automobile fait face à des échéances majeures en termes d'investissement et la donne a changé dans la course à la taille critique", confirme à l'AFP Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire du marché automobile Cetelem.

Selon le magazine Forbes, FCA aurait une autre option possible: "la carte coréenne".

"Hyundai-Kia dispose de technologies d'avant-garde et de produits de qualité, mais leurs marques ont une réputation modeste. FCA a au contraire des marques très connues (Maserati, Alfa Romeo et Lancia) mais peu de produits dans cette filière", précise Forbes.

Le mythique patron de FCA, Sergio Marchionne, décédé en juillet 2018, estimait que pour survivre, un groupe automobile devait avoir une production annuelle de 8 à 10 millions de véhicules.

FCA a annoncé en février une hausse de 3,5% de son bénéfice net en 2018 à 3,6 milliards d'euros, avec une progression du chiffre d'affaires de 4% à 115,4 milliards d'euros. Mais ses prévisions pour 2019 sont maussades.

"Il n'y a pas tout dans la corbeille de la mariée mais ce n'est pas impossible qu'il y ait une bataille. Des Chinois se sont positionnés il y a un an. Ce n'est pas impossible non plus que des Américains cherchent à remettre la main sur Chrysler", imagine un autre expert du secteur.

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