BRUXELLES, 19 mars (Reuters) - Les constructeurs automobiles européens ont exhorté lundi la Grande-Bretagne et l'Union européenne à s'entendre de manière urgente sur les procédures d'homologation de véhicules, sur des règles douanières et sur des normes environnementales pour l'après-Brexit afin d'éviter des conséquences désastreuses pour le secteur.

L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), qui représente 15 constructeurs implantés à travers le continent, a soulevé trois motifs de préoccupation qui pourraient chacun augmenter leurs coûts ou perturber leurs chaînes de production.

Des responsables de l'ACEA ont déclaré au cours d'une conférence de presse qu'ils s'inquiétaient notamment pour le certificat de conformité des véhicules, un document d'homologation actuellement valable dans l'ensemble de l'UE dès lors qu'il a été émis par l'un des Etats membres.

Ils se sont interrogés sur le fait de savoir si les centaines d'homologations déjà émises resteraient valables aussi bien dans l'Union européenne qu'en Grande-Bretagne lorsque cette dernière aura quitté l'UE.

"Sans cette continuité juridique, ce sera le chaos sur le marché. Cela pourrait même conduire à des exportations bloquées des deux côtés de la Manche", a dit le secrétaire général de l'ACEA, Erik Jonnaert.

La Grande-Bretagne et l'UE ont trouvé lundi un accord sur la période de transition post-Brexit, qui courra jusque fin 2020 , mais de nombreux détails restent à régler dans le champ réglementaire, en particulier pour une industrie automobile qui déplace une grande partie de sa production de Grande-Bretagne vers l'UE et inversement.

L'ACEA a exhorté les deux parties à reconnaître réciproquement les homologations passées et à venir. Dans le cas contraire, les constructeurs pourraient devoir faire face à des coûts supplémentaires de 450.000 à 600.000 euros par modèle, selon elle.

L'organisation a aussi invité l'UE et la Grande-Bretagne à s'entendre sur des procédures douanières simplifiées et à permettre des contrôles aussi rapides que possible.

Même en l'absence de droits de douane, l'ACEA estime que les formalités aux frontières pourraient renchérir leurs coûts par véhicule de 100 à 150 euros.

Les constructeurs s'inquiètent aussi de l'abaissement des seuils autorisés d'émissions de dioxyde de carbone, que l'UE compte faire tomber à 95 grammes par kilomètre en moyenne pour les voitures mises sur le marché à partir de 2021.

Si la Grande-Bretagne est retirée des calculs, il sera plus difficile pour les constructeurs d'atteindre cet objectif car le marché britannique compte une proportion relativement plus élevée de véhicules hybrides ou électriques, plaide l'ACEA. (Philip Blenkinsop Bertrand Boucey pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Peugeot, Renault
Valeurs citées dans l'article : Peugeot, Renault