Mediapart a obtenu des documents compromettants pour les deux constructeurs, qui utiliseraient un logiciel permettant de gonfler au maximum le prix des pièces détachées.
Peugeot et Renault auraient gonflé le prix de certaines pièces détachées à l'aide du logiciel Partneo, a révélé jeudi Mediapart, sur la base de documents confidentiels issus d'Accenture obtenus par la publication, partagés avec le quotidien belge 'De Standaard' et le réseau European Investigative Collaborations. Les algorithmes et la base de données Partneo auraient permis aux deux constructeurs, qui se seraient entendus, de faire monter le prix de certaines pièces depuis la fin de la dernière décennie, contribuant à accroître leurs profits d'environ 1,5 milliard d'euros en données cumulées depuis cette date à l'échelle mondiale, soit une centaine de millions d'euros par an. L'Autorité de la concurrence, saisie de la question en 2017, aurait renoncé à poursuivre son enquête faute de preuves.
Les intéressés démentent
Renault a démenti tout échange d'informations et a contesté les chiffres diffusés par Mediapart, comme PSA, qui conteste totalement les accusations et les juge infondées. Les fuites seraient issues d'une procédure pendante intentée en justice par l'inventeur de Partneo contre Accenture, qui avait racheté sa société en 2010. Le logiciel permettrait notamment de déterminer jusqu'à quel prix un client est prêt à aller pour une pièce détachée. Il aurait ainsi permis aux deux sociétés de passer des hausses tarifaires non-corrélées aux coûts d'approvisionnement. Mediapart n'explique pas, en revanche, en quoi PSA et Renault se sont entendus. Le dispositif porterait sur les pièces dites captives, sur lesquelles les constructeurs disposent d'un quasi-monopole et qui leur garantissent de copieuses marges.
Au cours des derniers exercices, les deux champions français de l'automobile ont largement amélioré leurs résultats, alors qu'ils affichaient auparavant des marges d'exploitation très faibles, voire négatives, comme le montrent les deux tableaux ci-dessous. Les documents Accenture tendent à démontrer que les pièces de rechange représentent 9 à 13% du chiffre d'affaires des constructeurs, mais jusqu'à la moitié de leur bénéfice net. A la Bourse de Paris dans l'après-midi du 30 mai, PSA et Renault abandonnent environ 0,4%, dans un marché qui rebondit de 0,4%.
L'évolution de la rentabilité de Peugeot...
... et celle de Renault (Source Zonebourse avec Thomson Reuters)
Stellantis N.V. figure parmi les principaux constructeurs automobiles mondiaux. L'activité s'organise essentiellement autour de 4 pôles :
- vente de véhicules particuliers et utilitaires : marques Abarth, Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, Fiat, Jeep, Lancia, Opel, Peugeot, Ram, Vauxhall, Free2move et Leasys ;
- vente de véhicules de luxe : marques Maserati et DS Automobiles ;
- vente d'équipements automobiles : systèmes d'intérieur, sièges d'automobile, extérieurs d'automobile, systèmes de contrôle des émissions, etc. ;
- autres : prestations de financement des ventes (achat, location, crédit-bail, etc.), prestations de services après-vente, etc.
La répartition géographique du CA est la suivante : Pays Bas (0,8%), Amérique du Nord (46,7%), France (9,5%), Brésil (7,3%), Italie (6,2%), Allemagne (5,5%), Royaume Uni (4,4%), Chine (0,6%) et autres (19%).