Patrick Findeling, les dirigeants des grands équipementiers automobiles français naviguent à vue en ce début d’année. Et vous, comment voyez-vous 2019 ?
 
"La situation est différente selon les zones géographiques et c’est l’avantage d’être un acteur international. Le ralentissement du deuxième semestre 2018 a d’abord touché les constructeurs français, puis les constructeurs allemands ont dû faire face aux problèmes de normes anti-pollution. Les Etats-Unis sont à part, nous n’y observons pas d’évolution particulière dans les habitudes de consommation. Au global, l’industrie a connu quelques mois de déstockage et aujourd’hui, comme le montrent les délais de livraison de plusieurs mois, il n’y a plus de stocks. La production devrait donc repartir progressivement sur les principales plateformes des constructeurs automobiles avec lesquelles nous travaillons, nous permettant d’atteindre notre objectif de chiffre d’affaires annuel de 745 M€ cette année. Car il faut retenir que Plastivaloire est avant tout un plasturgiste, qui se développe aussi dans d’autres industries en fournissant par exemple des équipements dans le multimédia, l’électroménager, l’aéronautique ou encore la distribution. Cette diversification nous permet d’être moins exposés aux cycles sectoriels".

Les équipementiers automobiles en général et le groupe Plastivaloire en particulier ont connu une hausse de leur profitabilité opérationnelle ces dernières années. Est-ce un plutôt un acquis structurel ou un concours de circonstances conjoncturelles ?
 
"Le secteur s’est assaini au cours des dernières années et les performances des acteurs se sont globalement améliorées avec des marges qui sont structurellement plus fortes chez les équipementiers mais reste à savoir quelles seront les quantités de véhicules produites sur les années à venir".
 

Les activités du groupe
 
Qu’attendez-vous du rapprochement avec l’américain TransNav ?
 
"L’industrie automobile est mondiale, nous devons donc être mondiaux. Les portefeuilles clients de TransNav, société positionnée à 80% sur le secteur automobile comme Plastivaloire, sont très complémentaires. Les constructeurs automobiles européens et américains ont tendance à réduire le nombre de plateformes au maximum, et donc le nombre de fournisseurs de pièces plastique. L’acquisition de TransNav, qui a réalisé 105 millions de dollars avec une très bonne profitabilité en 2018, nous donne un accès privilégié à ses premiers clients, notamment General Motors et Tesla. De même, notre position de premier plan en Europe leur ouvre l’accès à notre clientèle de constructeurs allemands, présente au Mexique à proximité des capacités de production de TransNav. Les premières synergies ont commencé à se mettre en place et tous les voyants sont au vert. En dehors de l’Europe et de la zone Amérique, la Chine constitue à l’Est un autre grand bassin de la production mondiale. La possibilité d’accompagner nos clients sur place à moyen terme reste à l’étude, mais nous aurions aujourd’hui tendance à privilégier des partenariats avec des acteurs industriels locaux. Nous voyons plus de risques que d’opportunités à détenir nos propres capacités de production là-bas".
 
Quels risques, et quelles opportunités à moyen-long terme pour Plastivaloire, représentent les bouleversements en cours côté constructeurs, notamment en matière de motorisation ?
 
"Les analyses convergent pour dire qu’en 2030, le marché automobile sera réparti de façon équilibrée entre les véhicules thermiques, hybrides et électriques. Nous adhérons à cette vision, et, à un horizon 2025 qui offre une certaine visibilité compte tenu de la durée des programmes automobiles sur lesquels nous sommes engagés, notre groupe vise 1 milliard de chiffre d’affaires. La diversification de notre activité hors automobile, sur laquelle nous visons un tiers de notre chiffre d’affaires, contre 20% aujourd’hui, y contribuera. Pour revenir à l’électrification des véhicules, je pense qu’elle offrira surtout des opportunités pour nous. En effet, d’une part nous réalisons moins de 5% de notre chiffre d’affaires sur les pièces directement liées aux moteurs thermiques, et d’autre part nous sommes très bien positionnés sur les pièces de décoration intérieure, lesquels sont amenées à capter une part croissante de la valeur des véhicules de demain".

Propos recueillis par Raphaël Girault (l'Auteur est actionnaire à titre personnel)