(Actualisé, experts, Ashton)

DUBAI, 5 septembre (Reuters) - Le président iranien, Hassan Rohani, a déclaré jeudi que le ministère des Affaires étrangères prendrait désormais en charge les négociations avec les grandes puissances sur les activités nucléaires de la République islamique, rapporte l'agence Irna.

Depuis 2007, ces négociations étaient conduites par Saïd Jalili, ancien combattant de la guerre Iran-Irak et secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, que les Occidentaux considèrent comme un idéologue intransigeant.

Hassan Rohani, élu mi-juin et entré en fonction début août, a laissé entendre que Téhéran comptait faire preuve d'une plus grande transparence sur ses activités et adopter une approche moins axée sur la confrontation avec le groupe P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu et l'Allemagne).

L'agence de presse officielle Irna ne précise pas qui mènera désormais les tractations mais l'annonce semble suggérer que ce sera le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif lui-même ou un responsable qu'il aura choisi.

Par cette initiative, le nouveau président pourrait chercher à simplifier le processus de négociations et à peser davantage dans les discussions, même si le dernier mot sur le dossier nucléaire revient au guide de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.

"C'est une décision encourageante. Zarif est un diplomate très expérimenté et l'équipe qu'il désignera sera certainement bien au fait du dossier (...) Cela ne garantit pas un accord mais laisse supposer que l'Iran s'engage sérieusement sur la voie de la diplomatie", a déclaré à Reuters Cliff Kupchan, expert au cabinet de conseil Eurasia Group.

RÉUNION DÈS CE MOIS-CI ?

"Les interlocuteurs de l'Iran vont être ravis de cette nouvelle", confirme Mark Fitzpatrick, de l'Institut international d'études stratégiques (International Institute for Strategic Studies, IISS).

"Après deux années face au dogmatique et peu charismatique Jalili, guère enclin aux compromis, ils vont enfin avoir quelqu'un qui veut travailler. Mais cela ne veut pas dire que les ennuis de l'Occident sont terminés. Il y a beaucoup de sceptiques à Téhéran, à commencer par le guide suprême, Khamenei, qui ne veut pas nécessairement d'un accord."

La haute représentante de l'Union européenne pour la politique étrangère, Catherine Ashtown, qui supervise les négociations nucléaires avec Téhéran au nom du groupe P5+1, s'est dite prête à de nouvelles discussions le plus tôt possible.

"Nous sommes en contact avec les Iraniens et, comme la haute représentante l'a déjà dit en août au téléphone au ministre iranien des Affaires étrangères, nous sommes prêts à reprendre les négociations", a déclaré jeudi Michael Mann, porte-parole de Catherine Ashton.

De source diplomatique, on précise que les discussions pourraient se tenir dès ce mois-ci, à condition que la composition de la nouvelle équipe de négociateurs iraniens soit rapidement annoncée.

La dernière série de négociations entre l'Iran et le P5+1 a eu lieu en avril dernier, sans résultat.

Les six puissances demandent à Téhéran de renoncer à enrichir de l'uranium à 20%, proche de la qualité du combustible utilisé à des fins militaires. L'Iran est accusé par les Occidentaux de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'il dément. (Marcus George, Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)