Le sixième groupe pharmaceutique mondial, confronté à une polémique sanitaire sur son vaccin contre la dengue aux Philippines, a annoncé lors d'une journée consacrée à l'innovation qu'il prévoyait de soumettre neuf dossiers de mise sur le marché aux autorités réglementaires au cours des 18 prochains mois.

Il prévoit également de lancer au moins 10 études pivots de phase 3 au cours des 12 prochains mois.

En Bourse, le titre sous-performe son secteur après ces annonces. A 16h40, l'action Sanofi perd 0,81% à 74,42 euros tandis que l'indice des valeurs pharmaceutiques européennes cède 0,09%.

Les investisseurs attendaient de Sanofi qu'il convainque le marché de sa capacité à générer une croissance soutenable et forte alors qu'il est confronté à de nouvelles difficultés dans les vaccins et à la poursuite de perspectives médiocres dans le diabète.

Certains regrettent aussi que le groupe n'ait pas conduit de grande acquisition depuis l'arrivée du directeur général Olivier Brandicourt en 2015.

Dans ce contexte, la pression est grande pour que Sanofi se distingue dans la Recherche & Développement, sa division diabète étant toujours confrontée à des pressions sur les prix aux Etats-Unis, le plus grand marché pharmaceutique mondial, où son médicament vedette Lantus a perdu son brevet d'exclusivité.

Olivier Brandicourt a déclaré mercredi que le groupe était "en ligne" avec son projet de vendre sa division de médicaments génériques en Europe "dans l'année qui vient". Selon des sources, cette opération, attendue de longue date, est estimée à plus de deux milliards d'euros.

"Nous faisons globalement de bons progrès sur notre feuille de route, et je suis convaincu que Sanofi maintenant est bien mieux positionné pour délivrer la croissance soutenue et à long terme que nos actionnaires attendent de nous", a-t-il ajouté.

MULTICIBLES

Sanofi avait annoncé en novembre 2015 que six lancements clés, pendant son plan stratégique à cinq ans, généreraient probablement un chiffre d'affaires culminant à 12-14 milliards d'euros d'ici 2025.

Mais un de ces lancements, le vaccin contre la dengue Dengvaxia, est maintenant au coeur d'une controverse, le produit pouvant aggraver la maladie s'il est injecté à des personnes jamais infectées auparavant par ce virus.

Le vaccin, qui devait devenir un 'blockbuster' - plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires par an - n'a représenté que 55 millions d'euros de ventes l'an dernier.

Les ventes du nouveau traitement de Sanofi contre le cholestérol, le Praluent, ont aussi déçu à cause des freins exercés aux Etats-Unis par les assureurs et les gestionnaires de santé dans l'accès aux patients.

"Pour ce qui est des lancements remarquables, je concède que notre bilan ces deux dernières années a été mitigé", a dit Olivier Brandicourt. "Si nous ne changeons pas notre ambition de pic de ventes cumulées, il est clair que nous nous appuyons bien davantage sur notre franchise en immunologie."

Dans ce secteur, le groupe donne la priorité à des molécules multicibles, c'est-à-dire présentant un potentiel de traitement pour plusieurs maladies, et pas pour une seule.

Le dupilumab, par exemple, développé avec son partenaire américain Regeneron, a déjà obtenu le feu vert des autorités américaines et européennes pour traiter l'eczéma. Sanofi a indiqué mercredi que le médicament pourrait aussi soigner l'asthme persistant non contrôlé, la bronchopneumopathie chronique ou encore l'oesophagite à éosinophiles.

DIVERSIFIÉ

Le laboratoire a aussi réaffirmé sa stratégie en oncologie, où il veut retrouver une position de leader. Il pense soumettre en 2018 un premier dossier de demande d'autorisation de mise sur le marché pour son anticorps monoclonal dans le myélome multiple réfractaire.

Le Cancer Research Institute a fait savoir la semaine dernière que la course aux nouveaux traitements d'immunothérapie avait mené à une augmentation sans précédent du catalogue des produits pour traiter le cancer. L'association américaine a estimé à plus de 2.000 les produits d'immuno-oncologie en développement.

Selon les experts, il en résulte une ruée pour recruter des patients pour les essais cliniques, des doublons entre certains programmes en cours et, au final, la probabilité que de nombreux projets n'aboutissent pas.

Prié de dire si Sanofi a les moyens de poursuivre sa stratégie d'être présent dans des indications multiples, tandis que d'autres laboratoires ont choisi de se concentrer sur des produits ou des pathologies de niche ou sur des médicaments essentiels, Olivier Brandicourt a répondu que le groupe français avait clairement fait le choix de rester diversifié.

"Il n'y a pas de recette miracle", a-t-il dit. "Mais étant donné les risques inhérents à notre industrie, nous sommes parvenus à la conclusion qu'être actif dans une seule aire thérapeutique était dangereux."

(Gilles Guillaume et Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Matthias Blamont

Valeurs citées dans l'article : Sanofi, Regeneron Pharmaceuticals