Le vent serait-il en train de tourner pour les fabricants de cognac haut de gamme ? Après plusieurs années florissantes, le secteur semble de nouveau confronté à des vents adverses, sans doute moins forts qu'en 2014, lorsque les ventes piquèrent du nez à cause du vaste plan anticorruption lancé par Pékin, mais tout de même. Pour preuve, Berenberg a dégradé ce matin sa recommandation sur Rémy Cointreau d'Achat à Neutre tout en réitérant son objectif de cours de 132 euros. Une décision qui n'est pas passée inaperçue sur le marché : le titre du groupe charentais cède 2,8 % à 123,50 euros.

Au milieu de toute la volatilité créée dans l'environnement commercial par les protestations à Hong Kong et les droits de douane américains sur les produits de l'Union européenne, l'analyste pense que, d'une manière générale, la croissance du cognac a ralenti cycliquement en Chine continentale.

Il devient donc de plus en plus prudent à l'approche de la période clé du nouvel an chinois (25 janvier 2020, avec des livraisons à partir de fin novembre) et Berenberg s'attend à ce que 2020 soit une année difficile pour Rémy Cointreau.

L'analyste se risque aux prévisions. Selon lui, la croissance organique de la branche cognac de la société, Rémy Martin, devrait ressortir l'an prochain à 5,7 %, soit en nette décélération par rapport aux +11,9 % de 2019 et +13,2 % de 2018.

De même, l'intermédiaire estime désormais que la croissance organique du résultat opérationnel devrait s'établir à seulement 6,4 % en 2020, loin des 17,9 % de 2019 et des 18,8 % de 2018.

Toutefois tempère-t-il, le consensus semble s'attendre à un ralentissement de la demande dans les mois à venir. Il ne faudrait cependant pas que les premiers signes de fléchissement de la consommation chinoise n'incitent les distributeurs à déstocker massivement, en tout plus que prévu par les investisseurs.

Enfin, Berenberg déconseille de jeter le spiritueux avec l'eau du bain. Remy Cointreau reste en effet un actif stratégique grâce à des stocks inégalés de cognac âgés.

D'un point de vue boursier complète-t-il, le titre est valorisé à 22,6 fois son résultat opérationnel courant 2020, soit dans le bas de la fourchette qui était la sienne ces deux dernières années et avec une prime de seulement 10 % par rapport à Diego. En somme, le marché semble avoir intégré en grande partie les bourrasques à venir.