Le compromis trouvé sur l'influence de Paris sur le futur FCA-Renault pourrait ouvrir la voie à l'approbation par le conseil du constructeur au losange d'un accord-cadre, point de départ du long processus qui doit conduire à la fusion entre les deux groupes courant 2020, sauf si de nouveaux désaccords apparaissent lors du conseil.

FCA a présenté il y a huit jours à Renault un projet de fusion à 30 milliards d'euros, qui donnerait naissance au troisième constructeur automobile mondial, afin de mieux faire face aux défis technologiques auxquels l'industrie automobile est aujourd'hui confrontée.

L'Etat français, premier actionnaire de Renault avec une part de 15%, avait jusqu'ici insisté pour avoir son propre siège au sein du conseil d'administration de l'éventuelle nouvelle entité ainsi qu'un droit de veto sur le choix des dirigeants.

Mais, selon des sources, à l'issue de discussions avec John Elkann, président de FCA, le gouvernement a accepté un compromis selon lequel il occuperait un des quatre sièges alloués à Renault, FCA en disposant pour sa part de quatre.

Renault cédera également à l'Etat un des deux sièges dont il disposera au sein d'un comité de nominations composé de quatre membres. Jean-Dominique Senard, président de Renault, étant pressenti pour devenir le premier patron opérationnel du nouvel ensemble, tandis que John Elkann serait président, cette répartition des sièges signifie que l'Etat français aura son mot à dire sur le choix du successeur de Jean-Dominique Senard, aujourd'hui âgé de 66 ans.

L'Etat français, Renault et FCA ont refusé de commenter l'information.

Vers 15h30, le titre FCA gagnait plus de 3% et l'action Renault plus de 4% alors que l'indice regroupant les valeurs automobiles européennes prenait 2,5%.

"Le marché craignait que trop ait été cédé, et le risque d'exécution a un prix", souligne une source proche des négociations. "Plus on a les mains liées, plus il est difficile de parvenir à des synergies significatives."

Le projet prévoit toujours la création d'une société holding, enregistrée aux Pays-Bas et détenue à 50-50 par les actionnaires actuels de FCA et Renault, après versement d'un dividende exceptionnel de 2,5 milliards d'euros aux actionnaires de FCA.

Mais face aux critiques d'analystes financiers et de dirigeants français d'entreprises, qui déploraient que l'accord initial sous-évalue Renault et sa participation de 43,4% dans Nissan, la France a bataillé pour en améliorer les termes en sa faveur.

Parmi les concessions discutées avec FCA au cours du week-end, on trouve un dividende exceptionnel pour les actionnaires de Renault, des garanties supplémentaires sur l'emploi en France et un siège opérationnel régional basé à Paris pour le groupe né de la fusion.

L'éventualité du dividende faisait toujours l'objet de discussions mardi alors que le conseil d'administration s'apprêtait à débuter sa réunion prévue à 15h00, ont indiqué les sources.

Selon elles, les garanties sur les emplois et les sites en France, ainsi que sur le futur siège Europe, Moyen-Orient et Afrique, seront probablement abordées en détail plus tard dans les discussions.

(Gilles Guillaume et Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Arno Schuetze et Laurence Frost