(Dans la dépêche publiée à 14h30, le montant mentionné au sixième paragraphe était erroné. La caution versée pour la libération de Carlos Ghosn s'élève à près de 9 millions de dollars. La dépêche corrigée figure ci-dessous.)

TOKYO/PARIS (Agefi-Dow Jones)--Renault, Nissan et Mitsubishi devraient dévoiler mardi un nouvel organe de décision, qui remplacera une structure élaborée par l'ancien PDG de Renault et président de Nissan, Carlos Ghosn, considéré comme le grand architecte de l'alliance entre les trois constructeurs.

Cette nouvelle entité sera la plus haute instance de décision de l'Alliance et disposera de pouvoirs limités sur les activités et la gouvernance d'entreprise, selon deux personnes au courant de l'annonce à venir. De nombreux détails doivent encore être déterminés, selon ces sources.

Le nouvel organe sera similaire à un conseil d'administration et sera probablement présidé par le président de Renault, Jean-Dominique Senard, a déclaré une des personnes interrogées. Les autres membres de cette instance devraient être les directeurs généraux de Nissan, Renault et Mitsubishi, Hiroto Saikawa, Thierry Bolloré et Osamu Masuko, a ajouté cette source.

Lundi, Renault a confirmé mener des discussions avec ses partenaires Nissan et Mitsubishi pour créer un nouvel organe devant améliorer l'alliance réunissant les trois groupes. "Ces discussions n'ont pas encore donné lieu à un accord définitif. Tout accord devra être préalablement approuvé par le conseil d'administration de Renault", a par ailleurs indiqué le groupe français dont le conseil doit se réunir dans le courant de la semaine.

Le conseil d'administration de Nissan doit de son côté se réunir mardi. Carlos Ghosn avait demandé au tribunal de Tokyo l'autorisation d'assister à cette réunion, mais sa requête a été rejetée. L'avocat de l'homme d'affaires, Junichiro Hironaka, a indiqué que Nissan était opposé à cette idée car le groupe estime que la présence de Carlos Ghosn aurait mis les administrateurs sous pression et rendu les discussions difficiles.

Carlos Ghosn, accusé d'avoir dissimulé une partie de sa rémunération chez Nissan et d'abus de biens sociaux, a été libéré de prison le 6 mars après avoir versé une caution de près de 9 millions de dollars. Il a passé 108 jours dans un centre de détention à Tokyo.

Conférence de presse à Tokyo mardi

Nissan a indiqué lundi qu'une conférence de presse réunissant les dirigeants des trois constructeurs se tiendrait mardi à son siège de Yokohama à 8h30, heure de Paris.

Renault détient actuellement 43,4% de Nissan qui de son côté possède 15% du capital de Renault et 34% de celui de Mitsubishi.

Selon les personnes au courant de l'annonce à venir, le nouvel organe de décision remplacera le conseil d'administration actuel de l'alliance ainsi que d'autres structures, dont le comité des opérations et le comité stratégique de l'Alliance, qui rassemblent des dirigeants des trois entreprises qui se rencontrent régulièrement pour discuter des moyens de collaboration et de réduction des coûts.

Des liens tendus entre les partenaires de l'Alliance

Les liens entre Renault et Nissan sont tendus depuis l'arrestation de Carlos Ghosn, en novembre dernier. Les entreprises affirment que les tensions ont récemment diminué, en partie grâce à l'arrivée de Jean-Dominique Senard à la présidence de Renault. Ce dernier est chargé de mener les efforts visant à rétablir la confiance entre les partenaires de l'alliance.

La nouvelle structure aboutira également probablement au démantèlement des entités basées aux Pays-Bas, Renault-Nissan BV et Nissan-Mitsubishi BV, selon les sources. Ces deux coentreprises sont sous surveillance en raison de leurs liens avec les malversations financières présumées de Carlos Ghosn.

Nissan et Mitsubishi accusent leur ancien président d'avoir touché 7,82 millions d'euros entre avril et novembre 2018 après avoir signé un contrat de travail avec Nissan-Mitsubishi BV. Une porte-parole de Carlos Ghosn a refusé de s'exprimer sur ces paiements présumés, qui ne font pas partie des charges portées contre Carlos Ghosn au Japon. Cependant, Nissan et Mitsubishi ont tous les deux indiqué qu'ils chercheraient un moyen de recouvrer cet argent.

Renault et Nissan mènent une enquête conjointe sur Renault-Nissan BV, et le conseil d'administration de Renault devrait obtenir les dernières conclusions de cet examen lors de sa réunion cette semaine. Carlos Ghosn demeure administrateur de Renault.

-Sean McLain et Nick Kostov, The Wall Street Journal

(River Davis a contribué à cet article)

(Version française Valérie Venck et Julien Marion) ed: JXM - LBO

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