Aux dernières rumeurs, le parquet de Tokyo envisagerait de nouvelles poursuites contre Carlos Ghosn (Nissan, Renault), en relation avec des versements effectués à un distributeur à Oman, que nous évoquions hier. Cela a-t-il précipité une réaction de l'ancien dirigeant ? Toujours est-il qu'il a déclaré sur twitter être "prêt à dire la vérité sur ce qui se passe", lors d'une conférence de presse le 11 avril. Il s'agit du tweet inaugural d'un nouveau compte créé en avril, qui n'est pas, à notre connaissance, authentifié à ce stade. Toutefois, un proche de Ghosn a assuré au Wall Street Journal qu'il en est bien l'auteur, sans doute indirectement puisque l'une des conditions de sa remise en liberté lui imposait de ne pas utiliser internet.


Cette sortie sur Twitter coïncide avec de nouvelles rumeurs dans la presse japonaise, qui laissent penser que le parquet de Tokyo pourrait à nouveau incarcérer Carlos Ghosn, qui n'a été libéré que récemment contre une caution de 9 millions de dollars, et qui doit rester dans l'Archipel. Il avait été arrêté en novembre 2018.

La filière d'Oman
 
Hier, l'Agence Reuters a révélé que Renault a alerté la justice française après la découverte de paiements suspects à un partenaire commercial de Renault-Nissan à Oman, sur la période 2011 à 2016. Les versements auraient été découverts lors de l'audit conduit par la marque au losange. L'enquête aurait montré que plusieurs millions d'euros de "primes de performance" ont été payés par Renault à Suhail Bahwan Automobiles, un distributeur local, puis que l'essentiel des fonds avait été retransféré à une société libanaise contrôlée par des associés de Carlos Ghosn. L'avocat du dirigeant a vigoureusement démenti "les allégations sur un potentiel détournement de fonds à Oman".

Les milieux d'affaires sont divisés sur le sort de l'ancien homme fort de Renault-Nissan. D'un côté, nombreux sont ceux qui pensent qu'il est la victime de manoeuvres ourdies par Nissan pour que le clan japonais regagne de l'influence au sein de l'Alliance. Mais de l'autre, plusieurs éléments troublants ont émergé ces dernières semaines sur le train de vie de Ghosn ou les avantages dont il bénéficiait. Les révélations du 11 avril pourraient apporter quelques éléments de réponse, si toutefois Carlos Ghosn est encore libre de ses mouvements à cette date.