Après plusieurs séances de travail informelles tout au long de la semaine, les administrateurs de Renault vont se réunir pour décider d'ouvrir ou non officiellement des discussions avec le constructeur italo-américain. Cette réunion est programmée pour mardi, a indiqué un porte-parole du groupe au losange.

Une semaine plus tôt, lundi 27 mai, FCA a présenté un projet de fusion à 30 milliards d'euros qui donnerait naissance au 3e constructeur automobile mondial. Le conseil de Renault a alors annoncé qu'il étudierait avec intérêt l'opportunité d'un tel rapprochement.

Celui-ci permettrait d'importants gains d'échelle à un moment où les constructeurs de taille moyenne peinent à financer tous les investissements qui s'imposent face au durcissement des normes d'émission, à la course à l'électrification et à l'essor rapide des aides à la conduite pour des voitures de plus en plus autonomes.

Mais des doutes subsistent sur l'équilibre des valorisations retenues et sur la réalité des cinq milliards d'euros de synergies avancés dans le cadre du projet. Des doutes exprimés par deux anciens numéros deux de Renault, en interne par Carlos Tavares, actuel président du directoire de PSA, et publiquement par son prédécesseur chez Renault, Patrick Pelata.

Insistant sur le problème récurrent de la valeur négative que les marchés financiers attribuent à Renault, ce dernier a observé sur BFM qu'aux cours actuels, l'offre toute en titres de FCA valoriserait le groupe français à -6 milliards d'euros si l'on enlève ses participations dans Nissan et dans Daimler.

"Ce n'est pas raisonnable. Donc la valorisation pour moi est déjà un problème, et je pense que les actionnaires dont l'Etat, vont à un moment ou un autre s'en préoccuper", a-t-il déclaré.

La question de l'impact du projet sur l'autre grande alliance de Renault avec Nissan reste elle aussi ouverte alors que le projet de consolider le partenariat franco-japonais est au point mort depuis la disgrâce de l'homme fort de l'alliance, Carlos Ghosn.

Malgré ces questionnements, l'Etat français, principal actionnaire de Renault avec 15% du capital, a répété vendredi son soutien au projet - à condition qu'il préserve les emplois et les sites industriels et qu'il s'inscrive dans le cadre de l'alliance avec Nissan et dans celui de l'éventuel futur Airbus des batteries.

Bruno Le Maire a estimé à plusieurs reprises que la proposition de FCA représentait une réelle opportunité pour Renault ainsi que pour l'industrie automobile française et européenne dans son ensemble.

(Laurence Frost, Gilles Guillaume pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)