Le conseil d'administration de Fiat Chrysler a retiré "avec effet immédiat" cette nuit son offre de mariage avec Renault, blâmant les "conditions politiques" en France pour expliquer cette décision, tout en restant persuadé du bien-fondé d'un rapprochement. Comme le Transalpin a salué le travail du président et le CEO du constructeur français, c'est clairement vers Bercy que les critiques se tournent.

"FCA demeure fermement convaincue de la logique incontestable et transformante d'une proposition qui a été largement appréciée depuis qu'elle a été soumise, dont la structure et les termes ont été soigneusement équilibrés pour offrir des avantages substantiels à toutes les parties. Toutefois, il est apparu clairement que les conditions politiques en France ne sont pas réunies pour qu'une telle combinaison puisse être menée à bien", écrit le Turinois dans son communiqué.

Plus tôt dans la nuit, Renault avait publié un bref communiqué ne laissant guère de place à la spéculation sur les raisons de l'absence de décision. Le groupe a en effet précisé que son conseil d’administration "n’a pas été en mesure de prendre une décision en raison du souhait exprimé par les représentants de l’Etat français de reporter le vote à un conseil ultérieur".

Nissan manque à l'appel

Côté Bercy, on "prend acte" de la décision de FCA. Le Ministère des finances rappelle que l’Etat actionnaire (il détient 15,1% du constructeur) a accueilli l'offre "avec ouverture" et "a travaillé de manière constructive avec l’ensemble des parties prenantes". L'Etat avait fixé quatre conditions à un accord définitif, à savoir la réalisation de l'opération dans le cadre de l'alliance avec Nissan, la préservation des emplois et des sites industriels en France, une gouvernance respectueuse des équilibres et la participation de ce futur ensemble industriel à l'initiative des batteries électriques engagée avec l’Allemagne. "Un accord avait été trouvé sur trois de ces conditions. Il restait à obtenir un soutien explicite de Nissan", indique Bercy, qui souhaitait que le conseil d'administration ait un délai additionnel de 5 jours pour "s’assurer du soutien de l’ensemble des parties prenantes", donc pour obtenir l'appui sans équivoque de Nissan.

Compte tenu de l'intention manifeste du management des deux groupes de pousser plus avant les travaux et d'une certaine bienveillance de l'Etat au-delà de la question des délais, il se pourrait que l'éventualité d'une opération ne soit pas totalement compromise.