Paris (awp/afp) - Le constructeur automobile Renault a publié vendredi un bénéfice net en recul de 18,6% à 1,95 milliard d'euros au premier semestre, à cause d'une moindre contribution de son partenaire japonais Nissan, tout en affichant une rentabilité record de ses opérations.

Même fortement touché par l'évolution des devises et des matières premières, Renault a affiché un chiffre d'affaires et une marge historiques.

Le groupe français (marques Renault, Dacia, Lada, Samsung, Alpine) a réalisé une marge opérationnelle en hausse de 5,2%, à 1,91 milliard d'euros, soit 6,4% des ventes (+0,2 point), sur les six premiers mois de l'année. Le chiffre d'affaires a établi un nouveau record, avec une hausse de 1,4%, à 29,96 milliards d'euros, selon un communiqué du groupe.

Renault, qui réalise près de la moitié de ses ventes hors d'Europe, a pourtant subi la chute de plusieurs devises (peso argentin, réal brésilien, dollar, rouble). A taux de change et périmètre constants, la hausse de l'activité aurait atteint 6,8%.

La directrice financière Clotilde Delbos a aussi souligné, en conférence téléphonique, l'impact négatif des nouvelles normes comptables IFRS 15 et du coût des matières premières, notamment de l'acier, saluant "des résultats records malgré des vents contraires".

Le PDG Carlos Ghosn, cité dans le communiqué, a confirmé les prévisions pour 2018 : "ces résultats (...) nous rendent confiants pour l'atteinte de nos objectifs".

"Clairement les résultats sont bons même s'ils sont absolument en ligne" avec les attentes des investisseurs, a commenté pour l'AFP Gaëtan Toulemonde, analyste automobile pour la Deutsche Bank, rappelant que des concurrents comme Ford et General Motors avaient abaissé leurs prévisions cette semaine, notamment à cause des matières premières.

Renault subit "à peu près 600 millions d'euros d'impact négatif" des taux de changes et des matières premières, mais l'entreprise "arrive à faire 100 millions de hausse de marge opérationnelle", a estimé l'expert.

Lada gagne de l'argent

Le groupe au losange prévoit toujours une activité record sur l'année, une marge opérationnelle supérieure à 6% et un flux de trésorerie opérationnel de l'automobile positif.

Le constructeur profite du redressement de sa filiale russe Avtovaz (Lada). Elle a contribué à hauteur de 105 millions d'euros à la marge opérationnelle, contre 3 millions au premier semestre 2017.

Il bénéficie d'une hausse de ses livraisons de 9,8% au niveau mondial, à près de 2,1 millions de véhicules. Ses 4x4 urbains à bas coûts, le Duster nouvelle version, et le petit Kwid, qui vient d'être lancé au Brésil et en Argentine, sont "des succès", a souligné le directeur général, Thierry Bolloré.

Outre la performance commerciale, il a attribué les progrès en matière de rentabilité aux "bénéfices de l'alliance" avec Nissan et Mitsubishi, qui permet de partager les investissements, mais aussi aux efforts de "réduction de coûts".

Nissan, contrôlé à 43,4% par Renault, a contribué pour 805 millions d'euros aux profits du constructeur français, un apport en baisse de 483 millions d'euros par rapport à la même période de l'an passé. Le constructeur japonais a annoncé jeudi une chute de 14% de son bénéfice net entre avril et juin et un repli de 1,6% de ses ventes en valeur.

Mme Delbos a souligné que l'impact des sanctions américaines en Iran se ferait sentir au deuxième semestre. Après l'entrée en vigueur des sanctions au 6 août 2018, les ventes de Renault "seront très limitées, voire quasi-nulles" dans ce pays, a-t-elle reconnu. L'Iran représentait le huitième marché de Renault en 2017, avec plus de 160.000 véhicules.

Le rival français PSA (Peugeot, Citroën, DS), davantage centré sur l'Europe, avait publié mardi un bénéfice net "record" -- mais toujours inférieur à celui de Renault -- en hausse de 18% à 1,48 milliard d'euros au premier semestre, grâce au redressement plus rapide que prévu de sa filiale Opel. Sa marge opérationnelle a largement dépassé celle de Renault, à 7,8%.

La valeur boursière de PSA a doublé cette semaine celle de Renault pour la première fois en près de dix ans. Vendredi, vers 11H50, Renault était cependant repassé légèrement devant son rival, avec un titre en hausse de 1,71%, à 74,48 euros, alors que Peugeot progressait de 0,21%, à 24,23 euros.

afp/rp