Depuis six ans, le groupe automobile français travaille sur le projet collaboratif Afiler, en collaboration avec les Filatures du Parc, leader européen des filatures cardées, et Adient Fabrics, société de fabrication de textiles pour les sièges automobiles basée en Ariège.

Pour produire ce nouveau tissu recyclé et plus respectueux de l’environnement, les ceintures en polyester sont défibrées, puis mélangées à des fibres en polyester issues de bouteilles en plastique. Un procédé mécanique - sans transformation chimique, ni thermique - qui réduit de 60% les émissions de CO2 par rapport à la fabrication d’un fil traditionnel.

"Ce projet n’aurait pas pu exister individuellement car cette innovation appartenant à l’économie circulaire nécessitait un savoir-faire et un ancrage dans les territoires", déclare Jean-Philippe Hermine, directeur Stratégie et Plan Environnement du groupe Renault, qui détient déjà depuis une dizaine d’années des parts de participation dans des sociétés du recyclage, comme les entreprises Indra, Gaïa et Boone Comenor.

"Nous travaillons des produits de haute qualité, donc il est important de les recycler pour garder notre savoir-faire et nous garantir l’avance de cette innovation, cela donne une plus-value à notre bilan environnemental", ajoute-t-il, précisant que la nouvelle Zoé, notamment avec ce nouveau tissu recyclé, favorise une baisse de 60% des émissions de CO2 par rapport à la précédente version.

UN PROJET DE TROIS MILLIONS D'EUROS

Les ceintures de sécurité sont récupérées auprès de la société Autoliv, en Roumanie, et l’entreprise Indra. Elles sont ensuite découpées et transformées en fibres dans les ateliers des Filatures du Parc, qui comptent 48 salariés et affichent un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros en 2018.

Les fibres effilochées sont mélangées, en particulier avec des textiles de production d'Adient, pour former un ensemble homogène, transformé après diverses opérations en fil cardé recyclé.

Ce mélange permet une meilleure cohésion des fibres entre elles et confère au produit final des caractéristiques techniques pour répondre au cahier des charges de Renault. La matière est ensuite tissée par Adient.

Depuis le printemps, la PME tarnaise produit ce fil recyclé pour le groupe Renault.

"Depuis 15 ans, nous réfléchissons à cette économie circulaire et au recyclage puisque nous avons déposé un premier brevet en 2007 mais nous sentons que depuis cinq ans, il y a une vraie demande sur ce marché", explique Fabrice Lodetti, le PDG des Filatures du Parc, qui œuvrent habituellement dans les domaines de l’habillement et de l’ameublement.

"Travailler pour l’automobile, c’est une aventure humaine et une opportunité, mais c’est aussi un cahier des charges plus sévère - résistance au feu, à l'usure, à la lumière et au frottement - qui a été possible grâce aux partages de nos savoir-faire", détaille-t-il, espérant que d’ici cinq ans 90% du chiffre d’affaires de sa PME proviennent du recyclage, contre 60% aujourd’hui.

Le coût du projet Afiler, soutenu par l'Ademe et le Conseil régional d’Occitanie, est d’environ 3 millions d’euros.

Depuis 2012, le groupe Renault a vendu près de 170.000 véhicules électriques Zoé, dont la troisième génération est aujourd’hui produite.  

(Edité par Sophie Louet)

par Julie Rimbert

Valeurs citées dans l'article : Renault, Autoliv, Inc., Nissan Motor Co., Ltd., Adient plc