Jean-Dominique Senard n’aura guère l’occasion de savourer les bons résultats annuels de Michelin bien longtemps. Celui qui est encore aux manettes de la firme au Bibendum pour quelques mois est également depuis la fin janvier le nouveau président de Renault. Et des affaires urgentes l’appellent au Japon. Il s’agira pour lui de restaurer la confiance avec le partenaire japonais Nissan, mise à mal par l’affaire Carlos Ghosn. Jean-Dominique Senard partira en milieu de semaine et restera quelques jours sur place.

" Je mesure le poids de la responsabilité qui repose sur mes épaules dans cette affaire. J'y vais avec beaucoup de détermination, et je dois dire que les signaux qui sont revenus du Japon récemment depuis ma nomination ont été extrêmement encourageants ", a déclaré Jean-Dominique Senard, selon les propos rapportés par l'AFP.

Il est fort à parier que la question de la structure capitalistique de l'Alliance sera de la partie. Actuellement, l'Alliance penche clairement du côté du groupe français : il détient 43,4% de Nissan, alors que le japonais ne détient en retour que 15% de Renault. Une influence qui fait grincer des dents du côté de Nissan.

Cette rencontre avec la direction de Nissan s'inscrira dans un contexte délicat. Tout d'abord, Nissan vient de revoir à la baisse ses objectifs annuels. Le constructeur japonais table désormais sur un bénéfice annuel de 450 milliards de yens (environ 3,53 milliards d'euros), contre 540 milliards auparavant (environ 4,3 milliards d'euros), au titre de son exercice 2018-2019, qui s'achèvera fin mars. Le groupe est notamment confronté à des difficultés sur un de ses marchés clefs : l'Amérique du Nord.

Ce qui n'arrange rien : le groupe a provisionné dans ses comptes du troisième trimestre 2018-2019 la somme d'environ 74 millions d'euros liée à la minoration supposée des déclarations de revenus de son ancien président Carlos Ghosn.

Enfin, la succession des scandales entourant Carlos Ghosn ne devrait guère faciliter les échanges. Le dernier en date : Carlos Ghosn aurait célébré ses 60 ans à Versailles aux frais de Renault-Nissan, selon les Echos. Une soirée facturée au moins 600 000 euros …