(Actualisation: nouvelles informations de source sur les échanges entre l'Etat français et Nissan sur un rééquilibrage de l'alliance, contexte)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le gouvernement français a contacté Nissan directement au début 2018 pour proposer au constructeur automobile japonais de fusionner avec Renault, a indiqué une source au fait de ces discussions.

Nissan a exprimé son opposition à une telle fusion au cours d'une réunion en avril à laquelle a participé Hari Nada, vice-président senior de Nissan chargé des services du directeur général et du département des affaires juridiques. Le Wall Street Journal avait écrit au mois de décembre que Hari Nada avait joué un rôle clé dans l'enquête qui a conduit à l'arrestation en novembre de Carlos Ghosn, l'ex-président de Nissan.

Nissan a refusé de fournir un commentaire et n'a pas souhaité rendre Hari Nada disponible pour un commentaire.

Etaient également présents à la réunion du 23 avril Martin Vial, patron de l'Agence des participations de l'Etat (APE), et Mouna Sepehri, secrétaire du conseil d'administration de Renault et membre du directoire de l'Alliance Renault-Nissan, a indiqué la source proche du dossier.

Ni Martin Vial ni Mouna Sepehri n'ont répondu à des demandes de commentaire. L'APE n'a pas souhaité s'exprimer.

La réunion d'avril est intervenue quelques jours après l'envoi par l'APE à Nissan d'un mémorandum exposant les avantages d'une fusion entre Renault et Nissan pour les actionnaires des deux constructeurs automobiles, d'après cette source.

Au cours de la réunion, Hari Nada a déclaré qu'aux yeux de Nissan, le projet présenté dans ce mémo ne tenait pas suffisamment compte de la position des actionnaires du groupe japonais et que celui-ci préférait un "rééquilibrage" du partenariat, a ajouté la source.

Pendant cette réunion, Hari Nada a déclaré que Nissan souhaitait discuter d'un rééquilibrage impliquant une diminution de la participation de Renault dans Nissan et une augmentation de la part du groupe japonais dans le constructeur français, de façon à ce que chaque partenaire détienne des droits de vote dans l'autre, a indiqué la source proche du dossier.

Un porte-parole de Renault n'a pas souhaité faire de commentaire.

Renault détient environ 43% de Nissan, tandis que celui-ci possède 15% du capital du groupe français, une participation sans droits de vote. Cette disparité s'explique par la situation financière fragile de Nissan au moment où l'alliance a été mise en place il y a 20 ans. Aujourd'hui, Renault est distancé par son partenaire en termes de ventes.

Hari Nada a indiqué à ses homologues français que Nissan souhaitait que le rééquilibrage de l'alliance passe également par une modification des contrats entre les deux groupes de façon à ce qu'aucun des deux ne puisse tenter de prendre le contrôle de l'autre, selon la source proche du dossier. Hari Nada a également dit que Nissan souhaitait que l'Etat français vende sa participation de plus de 15% dans Renault dans le cadre du rééquilibrage, a ajouté la source.

Hari Nada a enfin indiqué que Nissan était prêt à discuter de la mise en place d'une nouvelle structure qui permette une succession effective à la direction de l'alliance et préserve les avantages du partenariat pour les deux constructeurs automobiles, a indiqué cette personne.

Martin Vial, qui est l'un des représentants de l'Etat français au conseil de Renault, a déclaré que les demandes de Hari Nada étaient inacceptables pour le groupe au losange car elle signifiaient que celui-ci devrait réduire sa part dans Nissan sans réaliser suffisamment de progrès vers une fusion, a ajouté la source proche du dossier.

-Nick Kostov, The Wall Street Journal

(Version française Lydie Boucher) ed : ECH

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