Zurich (awp) - Le constructeur de machines-textile Rieter a essuyé l'an dernier une érosion de ses marges, accompagnée d'une confirmation de la chute de la demande. Le ralentissement des entrées de commandes annoncé en janvier s'est poursuivi sur les deux premiers mois de l'année en cours et l'industriel zurichois prévoit de biffer encore environ 5% de ses effectifs à l'échelle mondiale.

Ces coupes viendront s'ajouter aux 237 équivalents plein temps déjà supprimés - correspondant à près de 4% des effectifs fin 2017 - dans le cadre de la restructuration du site d'Ingolstadt. Fin 2018, le nombre de places de travail s'élevait encore à 5745.

Rieter a rappelé mercredi avoir finalisé la délocalisation de la production de son site en Allemagne vers la République tchèque et conclu un accord de vente pour les bâtiments désaffectés. La transaction, dont le produit est devisé à quelque 60 millions d'euros, est agendée au troisième trimestre de l'année en cours.

Sur l'exercice 2018, la marge d'exploitation (Ebit) a fondu de 1,4 point de pourcentage sur un an, à 4,0%, pour un résultat afférent amputé d'un cinquième à 42,9 millions de francs suisses, hors charges de restructuration.

Le bénéfice net, qui avait durement souffert des restructurations et des transferts d'activités de l'Allemagne vers la République tchèque en 2017, a néanmoins été multiplié par plus de deux à 32,0 millions de francs suisses. Le conseil d'administration proposera aux actionnaires un dividende inchangé de 5,00 francs suisses par titre.

Perturbations persistantes

L'anémie de la demande laisse augurer selon la direction une performance moindre à tous les niveaux en 2019. Chiffre d'affaires, excédent opérationnel et bénéfice net - hors exceptionnels - sont attendus en baisse.

"Nous ne pouvons exclure de boucler le premier semestre dans les chiffres rouges", a reconnu le directeur général Norbert Klapper, précisant que les économies réalisées sur les frais de personnel ne déploieront leurs effets qu'à partir de l'année prochaine.

Les coupes concerneront principalement les activités annexes à la production et seuls une trentaine de postes au maximum seront touchés au siège de Winterthour.

Fin janvier, Rieter avait fait état d'un chiffre d'affaires 2018 étoffé de 11% à 1,08 milliard de francs suisses, ainsi que d'entrées de commandes élaguées de 17% à 868,8 millions.

Bien qu'attendue, la déconvenue de 2018 s'avère encore un peu plus sévère qu'escompté par la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Les perspectives brossées par la direction pour l'avenir immédiat n'ont rien d'engageant et le groupe a déjà débuté l'année avec le frein à main tiré.

Contraintes financières, incertitudes géopolitiques et prix du coton constituent autant de handicaps persistants pour Rieter, égraine de son côté Vontobel. La banque de gestion zurichoise préfère rester sur le banc de touche dans l'attente d'une amélioration de la visibilité.

Sceptique également, UBS souligne que les prévisions actuelles du marché en termes d'évolution de la rentabilité contrastent singulièrement avec les perspectives du groupe à court terme.

Baader Helvea figure parmi les rares établissements à parier encore sur l'action Rieter. Le courtier genevois anticipe une correction limitée du fait de la déjà faible valorisation du titre et n'exclut pas un rebond sensible sur la seconde moitié de l'année, pour autant que la demande refasse son apparition.

Ces résultats n'ont pas plu aux investisseurs qui se sont détournés du titre. L'action Rieter a terminé la séance en chute de 7,4% à 127,90 francs suisses, à contre-courant d'un indice SPI en hausse de 0,56%.

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