Zurich (awp) - Le fabricant de machines textiles Rieter a vu ses ventes chuter de près de 30% l'an dernier, plus durement qu'attendu. Il compte adapter ses capacités, en supprimant des emplois sur plusieurs sites, dont 87 à Winterthour.

En 2019, les ventes ont ainsi chuté de 29% à 760,0 millions de francs suisses sur un an, selon l'entreprise mercredi. L'année a été "caractérisée par le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, des surcapacités dans les filatures et des incertitudes politiques et économiques dans les régions importantes pour Rieter".

Les ventes de machines (Machines & Systems) ont dégringolé de 42% à seulement 389,0 millions. La réticence des clients à investir a aussi pesé sur le segment Composants (Components), en recul de 12% à 230,2 millions. Les recettes se sont rétractées dans toutes les régions, particulièrement dans les pays asiatiques (hors Chine) et en Inde (-32%) ou encore en Turquie (-57%). En Chine et en Amérique du Nord et du Sud, la baisse a été plus modérée.

Les entrées de commandes ont elles progressé de 7% à 926,1 millions de francs suisses, grâce notamment à une grosse commande en Egypte (165 millions). Celles des machines ont ainsi gonflé de 20% à 562,8 millions de francs suisses, quand celles des composants ont baissé de 15%.

A la fin 2019, le carnet de commandes s'élevait à 500 millions de francs suisses, contre 325 millions un an plus tôt.

Le chiffre d'affaires s'inscrit bien en deçà du consensus des analystes consultés par AWP, qui tablaient sur 806 millions. Mais il reste dans la fourchette des estimations. Les entrées de commandes font mieux qu'attendu (905 millions).

Pour 2019, l'entreprise anticipe une marge Ebit autour de 11% (2018: 4,0%) et un bénéfice net correspondant à environ 7% des ventes (2018: 3,0%). Cela inclut la contribution de la vente d'un bien à Ingolstadt (60 millions d'euros). Pour le premier semestre 2020, Rieter prévoit des ventes "nettement inférieures" à l'an passé.

Dans ce contexte, le groupe a décidé de supprimer des emplois, dont 87 à Winterthour sur les 980 que compte la Suisse. De plus, 90 postes seront biffés sur les sites de Süssen et Gersthofen (Allemagne), Boskovice (République tchèque) et Enschede (Pays-Bas). Les consultations avec les employés débutent ce mercredi.

Campus winterthourois maintenu

Rieter compte réduire les coûts de fonctionnement d'environ 15 millions de francs suisses à partir de 2021. Pour les mettre en oeuvre, il table sur des dépenses non récurrentes d'un montant à peu près équivalent en 2020. Le groupe maintient son projet de Campus à Winterthour, dont le permis de construire a été déposé en fin d'année dernière.

La Banque cantonale de Zurich se réjouit que les prises de commandes du fabricant de machines textiles aient été meilleures que prévues. Elles restent toutefois à un niveau peu élevé.

UBS souligne de son côté que la restructuration touche toute l'Europe, avec la fermeture de l'assemblage des machines à Winterthour et des réductions de postes dans le segment Composants ailleurs. "Le premier semestre 2020 restera dans le rouge", écrit Fabian Haecki.

Pascal Furger de Vontobel voit plusieurs vents contraires, comme le prix du coton, la guerre commerciale qui paralyse la demande en Chine et en Asie, les incertitudes politiques en Inde et en Turquie et les contraintes budgétaires. La visibilité reste réduite selon lui. Il recommande toutefois de conserver le titre.

Le rapport financier détaillé sera publié le 10 mars.

Vers 9h45, Rieter perdait 1,1% à 126,50 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,41%.

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