Sydney (awp/afp) - Le géant minier anglo-australien Rio Tinto a cédé le contrôle d'une vaste mine de Papouasie Nouvelle-Guinée, précédemment au coeur d'une révolte sécessionniste et dont une partie des parts reviendront désormais au gouvernement national -- au grand dam de la population locale.

Située sur l'île de Bougainville, la mine de Panguna, qui recèle de colossales réserves de cuivre et d'or, avait été fermée à la suite d'une révolte sécessionniste déclenchée en 1989.

Le conflit, qui a fait quelque 10.000 morts, a été résolu en 1997, le gouvernement de Papouasie Nouvelle-Guinée ayant ensuite accordé l'autonomie à l'île en 2005. Les autorités locales avaient annoncé leur volonté de redémarrer l'exploitation minière.

Rio Tinto avait cependant estimé en 2014 que le coût de la remise en service de la mine de Panguna -- qui appartient à une filiale du groupe -- pourrait s'élever à quelque 5,2 milliards de dollars avant toute éventuelle réouverture.

Certes, le site contiendrait encore quelque 19,3 millions d'onces d'or ainsi que 5,3 millions de tonnes de cuivre, selon BCL, la filiale de Rio Tinto chargée d'administrer la mine.

Pour autant, le géant anglo-australien a annoncé jeudi qu'il transférerait une participation majoritaire de 53,8% à un trust indépendant, lequel répartirait les parts concernées entre les autorités locales -- dont le gouvernement autonome de Bougainville.

Mais la nouvelle que le gouvernement central de Papouasie Nouvelle-Guinée allait lui aussi recevoir une part équivalente a provoqué de vives réactions de colère sur l'île.

Le président de Bougainville John Morris a ainsi fustigé une décision "unilatérale" qu'il ne "pouvait pas accepter". La région est supposée organiser un référendum sur l'indépendance dans les prochaines années.

"Rio Tinto a affiché son arrogance et son ignorance, en faisant fi de mes avertissements (...) et a interféré dans les affaires de Bougainville", s'est désolé M. Morris, cité par un quotidien national.

Avant sa fermeture, du concentré de cuivre avait été extrait de la mine de Panguna durant 17 années, représentant à l'époque plus de 40% des exportations du pays.

Les débats sur les dégâts environnementaux de l'exploitation minière, sur la répartition des bénéfices générés et le paiement de compensations, avaient joué un rôle clé dans le conflit.

afp/al