Zurich (awp) - Roche se voit une nouvelle fois contraint de reformuler son offre préliminaire de reprise sur le laboratoire américain Spark Therapeutics, exprimée une première fois le 1er mars et une deuxième le 18 mars. La troisième version devrait être déposée autour du 10 avril et ouvrir la porte à un nouveau délai d'examen de quinze jours, susceptible d'être raccourci ou reconduit sous certaines conditions.

Jusqu'à présent, Roche s'est vu servir 11,26 millions de titres Spark Therapeutics, correspondant à 29,4% du capital-actions. Interrogé mercredi par AWP, le groupe reconnait que l'acquisition d'au moins une majorité simple constitue un prérequis incontournable à la concrétisation de l'opération.

Le retrait et le nouveau dépôt impliquent une prolongation de la période de souscription jusqu'au 2 mai à minuit (heure de New York), au lieu du 3 avril, a précisé la multinationale rhénane dans un communiqué. Le prix proposé de 114,50 dollars par action Spark Therapeutics demeure inchangé.

Actionnaires mécontents

Cette resoumission survient au lendemain de la publication par le gendarme des marchés financiers aux Etats-Unis (SEC) d'une plainte d'actionnaires de Spark à l'encontre de la direction de cette société.

Les plaignants mettent en doute la juste valeur de l'offre et reprochent à la direction de Spark Therapeutics de leur avoir fourni, dans l'argumentaire obligatoire accompagnant la recommandation de servir leurs actions, des informations en partie incomplètes ou induisant en erreur, notamment au niveau des projections financières.

Roche avait mis fin février 4,3 milliards de dollars (presque autant en francs suisses) sur la table pour l'acquisition du précurseur américain des thérapies géniques Spark Therapeutics, disposant notamment d'un traitement expérimental prometteur contre l'hémophilie A. La multinationale rhénane avait elle-même réalisé fin 2017 une percée remarquée sur cette franchise avec l'homologation aux Etats-Unis de l'Hemlibra (emicizumab).

Le montant de 114,50 dollars articulé dès le départ représentait alors une prime de 122% sur l'ultime cours de clôture de Spark au Nasdaq avant l'officialisation de la demande en mariage.

Les conseils d'administration des deux protagonistes avaient validé l'opération à l'unanimité.

L'opération doit permettre à Roche de prendre pied à son tour sur le segment des thérapies géniques, imitant en ce sens son voisin Novartis qui avait offert en mai dernier près de 9 milliards de dollars pour le rachat d'un autre groupe américain, Avexis.

Pionnier dans son domaine

Spark Therapeutics peut se targuer d'avoir reçu le premier feu vert de l'Agence sanitaire américaine (FDA) pour une thérapie génique en 2017: le Luxturna (voretigene neparvovec-rzyl) contre une forme de dystrophie rétinienne.

Ce traitement fait depuis début 2018 l'objet d'un accord de développement et de commercialisation avec Novartis, conférant à l'autre colosse pharmaceutique rhénan les droits de distribution en dehors des Etats-Unis. La Commission européenne a validé sa prescriptibilité en novembre dernier.

L'incubateur clinique de la société pennsylvanienne comprend des traitements expérimentaux contre l'hémophilie A et B, ainsi que la choroïdérémie. Spark Therapeutics mène aussi des recherches contre la maladie de Pompe et la maladie de Batten, qui pourraient entrer en phase clinique dès cette année.

A la Bourse suisse, le titre Roche a passé la totalité de la journée dans le rouge. Le bon de jouissance a clôturé la séance en baisse de 0,5% à 274,10 francs suisses, à contre-courant d'un indice SMI en hausse de 0,35%.

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