Zurich (awp) - Dans l'attente d'un hypothétique vaccin contre le nouveau coronvirus, nombre de laboratoires pharmaceutiques réorientent des activités de recherche sur des traitements existants afin d'atténuer les complications potentielles du Covid-19. En Suisse, les deux géants bâlois, Roche et Novartis, notamment, sont dans la course.

Actif sur plusieurs fronts, Roche a accru ses capacités de production d'Actemra (tocilizumab) dans le but de satisfaire la demande face à la multiplication des tests cliniques dans le monde. Le géant bâlois avait auparavant lancé un essai clinique de phase III sur l'Actemra par voie intraveineuse sur des patients adultes sévèrement touchés par la pneumonie sévère induite par le Covid-19.

Le traitement pourrait aider les patients pour cette dernière pathologie, mais ne vise pas à prévenir l'infection par le virus ou à la traiter. Roche s'est aussi engagé à livrer des tests pour détecter le nouveau Covid-19. Mi-mars, la multinationale bâloise a obtenu une autorisation américaine pour un test automatisé, permettant d'analyser jusqu'à 4000 échantillons en 24 heures.

Roche a par ailleurs mis au point un test sérologique spécifique pour le dépistage a posteriori du Sars-cov-2, le virus à l'origine du Covid-19. Le laboratoire rhénan espère décrocher le label CE de conformité européenne et négocie une autorisation d'urgence avec le régulateur aux Etats-Unis, de manière à pouvoir proposer ce produit début mai.

Dons d'hydroxychloroquine

Le voisin Novartis teste lui aussi un de ses traitements, le Jakavi (ruxolitinib), pour atténuer les complications potentielles du Covid-19. Le groupe veut comparer l'administration de la substance commercialisée dans des indications contre le rejet de transplantations, notamment, en complément des standards thérapeutiques actuels, par rapport à ces seuls standards chez des patients présentant une pneumonie sévère.

A l'image de l'Actemra de Roche, le Jakavi doit permettre de soulager les services de santé, mais ne cible pas spécifiquement le coronavirus. Novartis a en outre rejoint un consortium de recherche formé de BD, Boehringer Ingelheim, BioMérieux, Eisai, Eli Lilly, GSK, Johnson & Johnson, Merck MSD, Merck KGaA, Pfizer, Sanofi et de la Fondation Bill et Melinda Gates.

Novartis, tout comme Mepha Suisse, ont aussi effectué des dons d'hydroxychloroquine. L'hydroxychloroquine et la chloroquine, une substance parente, font l'objet d'études cliniques afin de déterminer leur efficacité contre le Covid.

Le régulateur suisse a néanmoins autorisé l'administration du médicament sous la responsabilité d'un médecin dans cette indication dans le cadre d'une procédure d'urgence. A ce jour, aucune étude clinique de grande envergure n'a examiné l'effet de l'hydroxychloroquine - un dérivé synthétique de la quinine prescrite depuis plusieurs décennies contre le paludisme, un parasite véhiculé par le moustique - sur le Covid-19, lequel fait débat.

Petits aussi en course

Outre les deux géants de la pharma, d'autres firmes suisses examinent aussi d'éventuels candidats pour le traitement des difficultés respiratoires en particulier. La biotech genevoise Relief Therapeutics a introduit une demande aux Etats-Unis pour une étude de phase 2 sur des patients infectés par le Covid-19 pour son produit expérimental Aviptadil.

Redhill, un laboratoire dans lequel est engagée la société milanaise cotée à la Bourse suisse Cosmo, a obtenu en Italie un feu vert pour l'administration d'un traitement expérimental. Son produit, un inhibiteur sélectif de sphingosine kinase-2 présente des propriétés anti-cancéreuses, antivirales et anti-inflammatoires.

Le laboratoire zurichois Molecular Partners a identifié plusieurs centaines de protéines spécifiques susceptibles de neutraliser le Sars-Cov-2, à l'origine de la pneumonie virale. Un programme théraupeutique a été lancé avec l'Office fédéral de la protection de la population (OFPP).

Les premiers tests de médicaments dans le cadre d'une vaste étude internationale lancée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) débutent cette semaine dans 16 centres hospitaliers suisses, le CHUV de Lausanne assurant la coordination. Les essais concernent le remdesivir et le kaletra, jusqu'ici utilisés pour traiter respectivement le virus Ebola et le VIH, ainsi que de l'hydroxychloroquine.

Longue attente pour le vaccin

Dernier front da la lutte contre la pandémie, le développement de vaccins nécessitera pour sa part entre douze et dix-huit mois au minimum, selon la Fédération internationale des fabricants pharmaceutiques (IFPMA). Sanofi et GSK ont allié leurs forces pour développer un vaccin contre le Covid-19.

En Suisse, le géant américain Johnson & Johnson mettra à contribution son unité Janssen Vaccines Bern, pour la production d'un vaccin expérimental contre le Covid-19.

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