Lausanne (awp) - L'énergéticien Romande Energie devra gérer deux transitions en 2019, avec le départ de son directeur de longue date Pierre-Alain Urech et la transformation interne. Le groupe morgien partira cependant sur de bonnes bases, après une exercice marqué par la croissance des recettes. Les espoirs sont notamment placés dans l'activité de services.

"On ne quitte pas une entreprise sans émotions. C'est un peu mon bébé", a lancé jeudi Pierre-Alain Urech à l'occasion de sa dernière conférence de presse de bilan. Le patron de Romande Energie passera le témoin à Christian Petit le 1er juin après 15 ans passés à ce poste.

La transition devrait se faire en douceur, M. Petit - un ancien membre de la direction générale de Swisscom - ayant commencé cette semaine. "Il apportera son expérience des marchés entièrement libéralisés", a précisé M. Urech, soulignant toutefois que le futur CEO devra se familiariser avec le monde de l'énergie.

Thème récurrent d'année en année, la libéralisation du marché de l'électricité est soutenue par les responsables de Romande Energie. Cependant, pas à n'importe quelle condition. M. Urech a expliqué que le groupe vaudois a signifié son opposition à la révision partielle de la Loi sur l'approvisionnement énergétique, qui va pourtant dans le sens d'une ouverture totale du marché.

En l'absence d'un accord-cadre avec l'Union européenne, les énergéticiens suisses seraient pénalisés face à des acteurs européens ayant toute latitude pour négocier les prix, à en croire le dirigeant. Il faudrait trouver un terrain d'entente avec Bruxelles avant de libéraliser.

En l'état actuel, le groupe morgien parvient toujours à générer de la croissance malgré un "marché dérégulé". En 2018, les recettes ont crû de 3,9% à 597,6 millions de francs suisses. La rentabilité a stagné, en témoigne un résultat brut d'exploitation (Ebitda) stable à 133,9 millions de francs suisses. La baisse des tarifs accordée aux clients est à l'origine de cette situation.

Economies jusqu'à 21 millions

En termes de volumes, l'énergie produite s'est contractée de 3,8% à 2710 gigawattheures, a précisé le groupe.

Le bénéfice net a fondu de plus de moitié à 53,5 millions de francs suisses. Romande Energie avait profité en 2017 d'un produit unique de 40 millions liés à la réforme de la fiscalité des entreprises dans le canton de Vaud. Le conseil d'administration veut néanmoins conserver un dividende de 36 francs suisses par action.

Pierre-Alain Urech place les services (+76% à 76 millions de recettes en 2018) parmi les activités les plus prometteuses. D'ici la fin de l'année, celle-ci devraient atteindre le seuil de rentabilité.

A force d'acquisitions, Romande Energie a étendu ses activités de services aux cantons de Vaud, Genève et Fribourg. D'ici 2020, Neuchâtel et Fribourg devraient s'ajouter à la liste. Le Jura, plus éloigné géographiquement et au potentiel plus "limité", sera délaissé, du moins pour l'instant.

Dans le cadre de son plan de restructuration présenté en 2018, le groupe morgien a désormais défini un potentiel d'économies annuelles entre 17 et 21 millions de francs suisses, à atteindre dès l'année prochaine. Le 1er janvier 2020, le groupe adoptera une nouvelle structure, reposant sur trois piliers contre quatre auparavant.

"L'unité Solutions Energie regroupera nouvellement les achats d'énergie, la production et la vente. (...) Ceci pour avoir une seule liaison, une seule responsabilité, une seule chaîne de valeur et ça permettra d'aller plus vite pour faire des offres à la clientèle", a expliqué M. Urech.

Pour l'exercice en cours, les résultats opérationnels sont attendus en ligne avec ceux observés en 2018, rapporte Romande Energie dans son communiqué.

A la Bourse, l'action Romande Energie a terminé en repli de 2,6% à 1130 francs suisses, dans un SPI en baisse modérée de 0,07%.

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