Genève (awp) - Romande Energie affirme pouvoir assurer l'approvisionnement en courant et conserver un niveau de liquidités suffisant pendant la crise sanitaire du coronavirus. Afin de protéger ses employés sur les chantiers, le groupe morgien a introduit le chômage partiel dans son unité de services.

"L'approvisionnement est garanti de notre côté", a assuré lundi à AWP le nouveau directeur général Christian Petit, qui a succédé à Pierre-Alain Urech courant 2019. L'année écoulée n'a pas été de tout repos pour l'énergéticien, qui a vu ses recettes quasiment stagner (-0,7%) à 593,3 millions de francs suisses.

La rentabilité, mesurée à la marge brute, a été cependant améliorée. Le groupe revendique également le franchissement du seuil de rentabilité pour l'unité de Services énergétiques. Le bénéfice net a pâti de la contreperformance d'Alpiq, dont Romande Energie est actionnaire indirect, et a plongé de 33% à 36,4 millions.

Le conseil d'administration propose le versement d'un dividende inchangé de 36 francs suisses par action.

La nouvelle équipe de direction va connaître son épreuve du feu en 2020 avec la gestion de la crise sanitaire. Christian Petit et Nicolas Conne, qui a succédé à feu Denis Matthey au poste de directeur financier, devront mener la barque dans la mer agitée par les effets du coronavirus. "Il n'y a jamais de moment idéal pour reprendre une entreprise", a déclaré Christian Petit.

Le nouveau duo a pu se reposer sur le plan pandémie mis en place par Pierre-Alain Urech en 2009, après la crise du H1N1. "Nous n'avons pas été pris au dépourvu", a expliqué le patron de Romande Energie.

L'énergéticien morgien a pris des mesures pour protéger les employés sur ses chantiers, dans l'unité Services énergétiques. Le chômage partiel a concerné en mars 20% des quelque 350 employés de cette entité, soit une septantaine de personnes. Ceux-ci percevront la totalité de leur salaire jusqu'à fin avril au moins, a insisté Christian Petit. Le nombre d'employés concernés pourrait être ajusté en avril.

Facilités de paiement

Dans les autres secteurs, Romande Energie recourt au télétravail, notamment pour la centrale d'appels qui a pu être maintenue malgré les restrictions.

Romande Energie se montrera compréhensif vis-à-vis des factures en retard. "Les clients peuvent bénéficier de délais de paiement, les procédures de recouvrement ont été allégées, il n'y pas de frais de relance, il n'y a pas de coupure pour non paiement", souligne le patron du groupe vaudois. Dans un contexte de quasi paralysie de l'économie, les entreprises profiteront en priorité de ces largesses.

Christian Petit estime qu'il est trop tôt pour estimer l'impact sur les recettes de Romande Energie en 2020, mais souligne la bonne diversification du portefeuille de clients entreprise du groupe. "Nous nous inquiétons principalement pour les petites PME et les indépendants."

Les liquidités, renforcées à fin 2019 à 203,5 millions de francs suisses, demeurent à un bon niveau. Il n'y a pas eu d'affaiblissement depuis le début de la crise. "Un emprunt de l'ordre de 100 millions arrivera à échéance en juillet. Il est prévu de le rembourser", a noté Nicolas Conne.

Romande Energie pourrait être amené à revendre de l'énergie déjà achetée et non consommée par les clients à un prix inférieur, le marché étant "déprimé" en raison de la chute des cours du pétrole, et ainsi subir des pertes - non chiffrées - à ce niveau.

En 2020, le groupe devra également composer avec une nouvelle directive fédérale (prélèvement de 75 francs suisses par mois sur les compteurs contre 95 francs suisses jusqu'ici), qui amputera son résultat de l'ordre de 6 millions de francs suisses. La performance d'Alpiq devrait moins affecter le bénéfice net.

A 13h30, le titre Romande Energie prenait 3,4% à 1080 francs suisses, dans un SPI en hausse de 1,48%.

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