Morges - (awp) Romande Energie a dégagé un bénéfice pour la deuxième année consécutive, le résultat étant même centuplé par rapport à l'exercice précédent. La participation indirecte dans Alpiq, via la société Eos, a pour une fois contribué à cette performance, mais pas seulement. Le groupe morgien a également relevé la tête sur la plan opérationnel, malgré la faiblesse persistante des prix du courant. La rentabilité devrait demeurer stable en 2017.

Le bénéfice net s'est inscrit à 113,6 mio CHF, contre 1,2 mio en 2015, indique lundi Romande Energie. L'énergéticien rappelle avoir subi en 2015 d'importantes corrections de valeur liées à sa participation indirecte dans Alpiq. Les gains tirés des engagements en 2016 se sont ainsi établis à 29 mio, contre une perte de 72 mio sur la période de comparaison.

La faiblesse des prix du courant demeure un problème pour le groupe. "Nous ne voyons pas beaucoup évoluer cette situation ces prochaines années", a déclaré en conférence de presse le directeur général (CEO) Pierre-Alain Urech. A moyen terme, les prix devraient encore baisser, maintenant la pression sur l'hydraulique suisse dont les coûts de production dépassent ceux du marché.

Pour M. Urech, le soutien actuellement discuté au Parlement de 1 ct. par kilowattheure durant cinq ans n'est pas suffisant. "Cette situation compromet tout nouvel investissement", a prévenu le patron du groupe, qui appelle de ses voeux un appui plus fort afin de développer les énergies renouvelables. Les gros producteurs d'énergie ne disposant pas de clients finaux, comme Alpiq, souffrent le plus.

DEMANDE REFUSÉE PAR ALPIQ

La demande que la société morgienne a déposé pour le rachat des 49% des barrages dont Alpiq souhaite se débarrasser a été refusée. Le dossier n'est pas clos pour autant. "Nous sommes ouverts à toute négociation", a précisé M. Urech. Des pourparlers entre Romande Energie et Alpiq ont repris en janvier et différentes pistes sont étudiées.

Au niveau opérationnel, le chiffre d'affaires a grappillé 0,3% à 602,0 mio CHF. Les recettes issues des activités de distribution et de commercialisation d'énergie ont enregistré une légère progression, respectivement de 0,4% et 2,5%, selon le communiqué.

L'activité Services a bouclé sur un résultat brut d'exploitation (Ebitda) négatif de 3,5 mio CHF, péjoré de 3,4% sur un an. Selon le patron de Romande Energie, cette unité devrait atteindre l'équilibre en 2018 et être bénéficiaire ensuite. Dans un horizon de cinq ans, elle doit contribuer à hauteur de 100 mio au chiffre d'affaires, contre 20 mio actuellement.

Le courant produit par Romande Energie a profité de la forte pluviosité enregistrée l'année dernière. Le groupe revendique une production propre de 517 mio de kilowattheures, en hausse de 28,3%, soit 14% de l'électricité vendue aux clients. La baisse des frais de personnel a permis un allègement des charges de l'ordre de 6,3%, à 9 mio CHF.

L'excédent d'exploitation avant charges d'intérêts et fiscale (Ebit) a fondu de 7,1% à 97,2 mio CHF. Le volume d'énergie vendue à bondi de 17,9% à 3666 GWh.

La rentabilité a souffert de l'érosion généralisée des marges sur un marché libéralisé, ainsi que du retour anticipé de concession pour la société des Forces motrices du Grand-Saint-Bernard (FGB) dans laquelle le groupe morgien détient un bon tiers des parts. A en croire Romande Energie, la rentabilité reste néanmoins "favorable", dans un contexte très difficile.

DIVIDENDE RELEVÉ

Le conseil d'administration proposera aux actionnaires un dividende agrémenté de 3 CHF par rapport à 2015, à 33 CHF par action. La rémunération totale proposée atteint ainsi 37,1 mio.

Soulignant les nombreuses incertitudes qui pèsent sur l'exercice en cours, la direction anticipe une performance opérationnelle "en ligne" avec celle de l'an dernier.

Le groupe pointe notamment du doigt l'absence de visibilité vis-à-vis la stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral, dont le sort sera décidé en votation le 21 mai prochain. Le report par le gouvernement helvétique de l'ouverture complète du marché suisses de l'électricité figure également parmi les sources de craintes avancées par Romande Energie.

Afin de répondre à ces défis, l'entreprise morgienne mise sur la numérisation de ses activités mais également sur la société de services lancée en juillet dernier.

En termes d'investissements, le groupe continue ses emplettes à l'étranger. "Nous sommes sur le point d'acheter un deuxième parc éolien en France, après la bonne expérience en Bretagne", a expliqué M. Urech.

Le titre Romande Energie est monté lundi de 1,9% à 1290 CHF, dans un SPI en hausse de 0,43%.

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