Selon une source proche du dossier, Rosneft versera 28 milliards de dollars (21,3 milliards d'euros) pour reprendre les parts d'AAR.

Le projet d'accord, conclu mardi soir à Moscou, devrait permettre au groupe britannique BP, entré au capital de TNK-BP en 2003, de nouer une alliance stratégique avec Rosneft dans l'exploration.

L'accord, s'il aboutit, permettra à Rosneft de contrôler plus de la moitié de la production russe. La prise de contrôle de TNK-BP par Rosneft donnerait naissance au plus grand groupe pétrolier coté, avec une production de plus de 4 millions de barils par jour.

Rosneft, AAR et BP ont refusé de commenter cette information. Un haut responsable russe a déclaré que Rosneft n'avait pas encore soumis de demande d'approbation pour l'accord. A Londres, l'action BP a terminé la journée en hausse de 2,99% à 451,68 pence.

En juin, BP avait mis en vente sa participation, exerçant de fait une pression à la vente sur les oligarques.

Le puissant directeur général de Rosneft, Igor Setchine, qui est aussi le plus haut responsable russe de l'Energie, était à Londres mercredi pour discuter avec BP, selon une source au fait de son agenda.

Selon une source proche de BP, le groupe britannique n'avait reçu mercredi après-midi aucune offre pour sa participation, à la veille de l'expiration de l'appel d'offres.

VERS UNE FUSION ROSNEFT-TNK-BP ?

Les analystes ne pensent pas que Rosneft puisse se permettre de prendre le contrôle total de TNK-BP, le coût d'une telle opération étant estimée autour de 50 milliards de dollars (38 milliards d'euros).

Un accord de fusion avec TNK-BP assurant à BP une participation minoritaire dans la nouvelle entité semble avoir plus de chances de réussir, estiment banquiers et analystes.

"Nous savons que Rosneft est prêt à emprunter 15 milliards de dollars et il dispose d'environ 8 milliards de dollars d'actions en autocontrôle donc racheter 50% - qu'il s'agisse des parts de BP ou de celles des oligarques - semble crédible", a déclaré un analyste spécialisé d'une banque occidentale qui n'a pas souhaité être nommé.

"Je pense qu'ils vont racheter les parts des oligarques et que BP conservera sa participation dans TNK-BP pour l'instant. BP deviendra alors un actionnaire stratégique de Rosneft et BP sera libre d'aller dans l'Arctique".

Les relations entre BP et les quatre hommes d'affaires présents au tour de table de TNK-BP s'étaient envenimées l'an dernier lorsque Mikhaïl Fridman, German Khan, Viktor Vekselberg et Len Blavatnik avaient fait obstruction à un contrat d'exploration entre BP et Rosneft, invoquant la violation d'une clause d'exclusivité dans le pacte d'actionnaires TNK-BP.

Le consortium AAR a ensuite rejeté une offre de 32 milliards de dollars présentée en mai 2011 par BP et Rosneft pour racheter leur part dans TNK-BP et sortir de l'impasse. Ensuite, les relations se sont encore détériorées et Mikhaïl Fridman à quitté la direction générale de TNK-BP au mois de mai de cette année.

BP a mis sa participation en vente le mois suivant.

Bien qu'AAR ait exprimé le souhait de racheter la part de BP dans TNK-BP, les banques ont préféré financer l'offre de Rosneft.

Un accord entre AAR et Rosneft serait soumis au feu vert du gouvernement, mais Igor Setchine, lors d'une déclaration publique la semaine dernière, a clairement fait savoir que son projet d'investissement dans TNK-BP était soutenu par Vladimir Poutine.

Le vice-Premier ministre Arkady Dvorkovitch, qui s'oppose au projet de rachat, a déclaré que le gouvernement devait maintenant recevoir une demande d'approbation.

"Je sens que des discussions commerciales sont engagées et, si j'ai bien compris, un protocole d'entente a été signé - mais pas d'accord juridiquement contraignant", a-t-il dit selon des propos rapportés par l'agence RIA-Novosti.

Le Kremlin n'a pas souhaité commenter ces informations. Une source au Kremlin a déclaré que Vladimir Poutine n'avait pas de réunion sur TNK-BP prévue dans les jours à venir.

Marc Angrand, Juliette Rouillon et Mathilde Gardin pour le service français

par Douglas Busvine et Melissa Akin

Valeurs citées dans l'article : BP plc, Rosneft' NK OAO, TNK-BP Holding OAO