Zurich (awp) - En attendant le Cyber Monday lundi, le Black Friday semblait rencontrer le succès attendu vendredi avec ses offres à prix cassés auxquelles les commerçants n'échappent guère sous peine de perdre une clientèle. Beaucoup de consommateurs profitent notamment de ces promotions pour effectuer des achats de Noël anticipés.

Le phénomène du Black Friday, importé des Etats-Unis et lancé en Suisse par Manor il y a cinq ans, est désormais bien ancré puisque neuf Suisses sur dix, selon des estimations, en connaissent le concept. La nouveauté, depuis l'an dernier au moins, est que cela devient une "black week", puisqu'un nombre croissant de commerçants étendent leur période rabais sur une semaine pleine, que ce soit pour les ventes en ligne ou en magasin.

Principal centre commercial de Suisse romande, Balexert faisait état en fin de matinée vendredi d'une "assez forte affluence", avec 85% des places de parc occupées. "Nous nous attendons à une grosse affluence et à de bonnes affaires pour nos enseignes, même s'il n'existe aucune obligation pour elles de participer à ces promotions" , a déclaré à AWP Ivan Haralambof, directeur de Balexert.

"Nous sentons beaucoup d'effervescence, malgré les contre-mouvements tel le Fair Friday", poursuit-il. Le Fair Friday est un mouvement qui invite les clients, dans certains magasins, à arrondir le montant de leurs achats au profit de Caritas et de ses programmes contre la pauvreté en Suisse.

Fenêtre d'opportunité

La Fnac se frottait les mains. "Les clients cette année achètent plutôt moins de produits que l'an passé, mais il choisissent des biens de marque, dans le haut de gamme, en particulier pour les téléphones portables, l'audio, les enceintes connectées, les téléviseurs, les ordinateurs. Les bandes dessinées sont aussi très recherchés", relève Cédric Stassi, directeur de Fnac Suisse.

Pour les clients privés (adhérents) de la chaîne française, les promotions ont été ouvertes jeudi, et le succès a été à la hauteur. "Notre chiffre d'affaires pour les ventes en ligne a été quatre fois supérieur à celui de l'an dernier lors de la même journée et devrait être cinq fois plus important ce vendredi par rapport à 2018. Pour les ventes en magasin, la hausse est de l'ordre de 30%", a précisé M. Stassi.

Le directeur de Fnac Suisse observe que le jour tombe à pic: les consommateurs viennent de percevoir leur salaire de novembre, et il reste trois semaines jusqu'à Noël, contre quatre pour le Black Friday 2018.

Le achats sont dilués et importants en même temps, même si les sacrifices sur les marges peuvent être extrêmes, avec des rabais moyens autour de 50%, d'une façon générale. "On ne peut pas ne pas participer", résume un responsable de chez Fust, cité par la RTS.

Un tour en ville de Genève permet de constater une ébullition certaine chez Manor, par exemple, mais rien de très net chez d'autres commerçants. L'opérateur de téléphonie Salt casse les prix depuis lundi. "Cela dynamise la semaine mais cannibalise les affaires réalisées avant et après", constate un vendeur dans une boutique genevoise.

Jérôme Amoudruz, fondateur de la plateforme Blackfriday.ch, qui répertorie les offres spéciales au plan national, observe que "les ventes se sont plus diluées cette année car ayant commencé plus tôt. Mais on voit qu'il y a beaucoup d'expectatives du côté des consommateurs".

Reflet de l'importance qu'a prise cette journée, le prix des annonces publicitaires en ligne a bondi de 30% sur des plateformes comme Google et Facebook.

"Nous enregistrons une croissance de 11% de la demande, mesurée via les recherches mots clés Black Friday sur le web", détaille M. Amoudruz.

Selon les estimations de l'institut GfK, les Suisses déboursent quelque 310 millions de francs suisses durant cette semaine du Black Friday, une somme en augmentation. En 2018, et uniquement en ligne, le chiffre d'affaires s'est monté à 120 millions pour le seul vendredi.

Parmi les voix discordantes, outre le Fair Friday, certains évoquent un "vendredi noir", en raison des efforts supplémentaires demandés à une certaine catégorie du personnel en particulier, la plus précaire. "Il ne faut pas oublier l'autre bout de la chaîne", plaide ainsi Karin Mader, de Pain pour le prochain.

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