La compagnie aérienne irlandaise a annoncé qu'elle pourrait encore réduire ses capacités cet hiver en raison du prix élevé du carburant et d'une intense concurrence mais ces deux facteurs, qui mettent en difficulté l'ensemble du secteur, pourraient aussi étouffer les revendications des syndicats et apaiser les relations sociales au sein de l'entreprise.

"Etant donné le contexte défavorable actuellement pour les compagnies et le nombre de suppressions d'emplois annoncées ces dernières semaines à la fois du côté des pilotes et du personnel navigant, les syndicats sont en train d'adopter une approche bien plus raisonnable, de bon sens", a dit le directeur général de Ryanair, Michael O'Leary, dans une vidéo de présentation des résultats.

Le titre prenait plus de 4% à quasiment 12 euros vers 08h20 GMT.

L'action Ryanair a perdu environ un quart de sa valeur ces trois derniers mois et elle affiche un recul de 40% depuis un record de clôture à 19,39 euros touché en août 2017.

Le numéro un du transport aérien "low cost" en Europe a fait état d'une baisse de 7% de son bénéfice sur la période d'avril à septembre, semestre couvrant la saison cruciale des vacances estivales, en raison d'une hausse du prix du carburant, de surcapacités et des conséquences des grèves de son personnel sur ses réservations.

Ce recul est toutefois moins important que la contraction de 9% attendue par les analystes à la suite de l'avertissement sur résultats lancé par la compagnie le 1er octobre.

Les surcapacités dans le secteur devraient continuer à peser sur le prix moyen des billets cet hiver, sauf en cas de difficultés d'une grosse concurrente, mais la faillite de plusieurs petites compagnies ces dernières semaines est dans tous les esprits parmi le personnel, a dit Michael O'Leary.

PRÉVISION MAINTENUE

La direction de Ryanair doit encore parvenir à des compromis avec deux grands syndicats, en Belgique et en Allemagne, et elle "espère conclure des accords avec eux d'ici Noël", a-t-il ajouté.

La compagnie peine à éteindre les revendications de son personnel depuis qu'elle s'est résolue en décembre dernier à reconnaître pour la première fois des syndicats.

Elle a abaissé il y a trois semaines sa prévision de bénéfice annuel de 12% et prévenu que la situation pourrait encore empirer si des grèves continuaient de perturber son activité et ses réservations.

Si les cours du pétrole se maintiennent à un niveau élevé ou si les prix des billets continuent de baisser, Ryanair pourrait être contrainte de réduire davantage ses capacités par rapport à la baisse de 1% annoncée lors de son avertissement sur résultats.

"Si le pétrole reste à ou au-dessus de 85 dollars le baril et que des pressions s'exercent sur les prix des billets alors la chose raisonnable à faire serait probablement de regarder les capacités", a dit le directeur financier, Neil Sorohan.

Ryanair, qui réalise habituellement l'essentiel de son bénéfice pendant l'été, a enregistré un profit de 1,2 milliard d'euros sur les six mois au 30 septembre.

Le transporteur a maintenu sa prévision d'un bénéfice annuel compris entre 1,1 et 1,2 milliard d'euros, ce qui représenterait une baisse de 17% à 24% par rapport au bénéfice après impôts de 1,45 milliard d'euros, un record, réalisé lors du précédent exercice.

Un consensus d'analystes fourni par la compagnie elle-même avant la publication de ses résultats donnait une prévision moyenne de bénéfice annuel de 1,127 milliard d'euros et un bénéfice de 1,175 milliard d'euros sur la période avril-septembre.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Conor Humphries