Cet élément, à quoi il faut ajouter une hausse des coûts du personnel et du kérosène, explique que le bénéfice de la compagnie irlandaise à bas coûts ait chuté de 20% sur une période de trois mois à fin juin, premier trimestre de son exercice fiscal.

Ce bénéfice de 319 millions d'euros est cependant conforme à l'objectif et dépasse le consensus des analystes qui le donnait à 305 millions.

"Si les prix des billets au premier trimestre ont été à la marge plus élevés que prévu, la récente dégradation du contexte pour les prix et l'impact attendu des grèves de personnel sur la politique à venir de tarification signifient que les prix au deuxième trimestre n'augmenteront approximativement que de 1%", dit le directeur général Michael O'Leary, cité dans un communiqué.

Ce contexte moins favorable a été "dû à la Coupe du monde, à la vague de chaleur en Europe du Nord et aux incertitudes au sein de la clientèle au sujet des grèves de pilotes", a-t-il ajouté.

Le titre Ryanair perdait 4,57% à 14,84 euros à 10h48 GMT, l'une des plus fortes baisses de l'indice européen Stoxx 600, lui-même en recul de 0,29% au même moment.

Ryanair a publié ses résultats trimestriels à l'entame d'une semaine au cours de laquelle elle va connaître la plus importante grève depuis sa création. Des arrêts de travail du personnel navigant en Espagne, au Portugal, en Italie et en Belgique vont entraîner mercredi et jeudi l'annulation de plus de 300 de ses 2.400 vols quotidiens.

DE NOUVELLES GRÈVES POSSIBLES PENDANT L'ÉTÉ

La compagnie irlandaise, qui a transporté 130 millions de passagers dans 37 pays en 2017, a évité des grèves généralisées en décembre dernier, avant les fêtes de fin d'année, en reconnaissant des syndicats pour la première fois en 32 ans d'existence. Elle peine depuis à conclure des accords avec certains d'entre eux et Michael O'Leary a dit s'attendre "à de nouvelles grèves au moment du pic de la période estivale".

Il a prévenu que la compagnie pourrait retirer des avions de certains marchés, y compris l'Irlande, si les perturbations se poursuivaient, ce qui pourrait entraîner des suppressions de postes. "Nous ne pouvons pas laisser les vols de nos clients être perturbés de manière inutile par une infime minorité de pilotes", a-t-il dit.

Lors d'une conférence téléphonique à la suite de la publication des résultats, il a néanmoins jugé que l'impact de ces grèves sur l'activité globale de la compagnie était "raisonnablement faible".

Ryanair a confirmé qu'elle tablait sur un bénéfice annuel de 1,25 à 1,35 milliard d'euros contre un bénéfice record de 1,45 milliard sur l'exercice annuel précédent. Le consensus des analystes donne 1,31 milliard d'euros.

Ryanair avait prédit en mai une baisse de 5% du prix moyen du billet d'avion au premier trimestre et une hausse de 4% au deuxième trimestre. Ce prix a diminué de 4% au premier trimestre et augmentera de 1% le trimestre suivant, a dit la compagnie aérienne à bas coûts.

Elle confirme que ce prix moyen ne variera pas sur l'exercice annuel clos fin mars 2019.

Ryanair a aussi revu en hausse, à 150 millions d'euros contre 100 précédemment, son estimation de la perte annuelle de la compagnie autrichienne Laudamotion, dans laquelle elle prévoit de porter sa participation de 25% à 75% dans les prochaines semaines.

Lors de sa conférence téléphonique, Michael O'Leary a exprimé le souhait de commander des avions à Airbus pour Laudamotion.

Ryanair n'a en revanche aucune pression pour passer une grosse commande pour elle-même, a ajouté le directeur général.

EasyJet, deuxième compagnie européenne à bas coûts, a pour sa part relevé ses prévisions de résultats annuels mercredi dernier tandis que Norwegian Air Shuttle, en pleine croissance, a publié début juillet des résultats meilleurs que prévu.

L'action Ryanair a perdu environ 20% depuis un record à 19,38 euros atteint en août dernier, avant des problèmes de planning de pilotes ayant entraîné l'annulation de 20.000 vols à partir du mois suivant.

(Wilfrid Exbrayat et Bertrand Boucey pour le service français)

par Conor Humphries