Londres (awp/afp) - Le transporteur aérien Ryanair a dévoilé un bénéfice annuel plombé par une lourde charge exceptionnelle à cause de mauvais paris sur la direction des prix du pétrole, qui se sont écroulés en mars notamment à cause de la pandémie de coronavirus.

Pour le premier trimestre, la compagnie "low cost" prévoit une perte d'au moins 200 millions d'euros et une reprise partielle du trafic aérien.

La compagnie irlandaise a dégagé un bénéfice net d'un milliard d'euros pour l'exercice achevé fin mars, en hausse de 13%. Mais en incluant une lourde charge exceptionnelle de couverture pétrolière de 353 millions d'euros, le bénéfice net part du groupe annuel tombe à 648,7 millions d'euros, soit une baisse de 26,7% sur un an.

Le groupe s'était couvert contre une hausse des prix du brut mais les cours se sont en fait écroulés à partir de mars, notamment à cause de l'effondrement de l'activité économique mondiale.

De son côté, le chiffre d'affaires opérationnel a progressé de 10% sur un an à 8,5 milliards d'euros, en particulier grâce à un trafic en hausse sur la majeure partie de l'exercice.

La brusque chute du trafic à la toute fin de l'exercice décalé du transporteur a réduit le nombre de passagers transportés pendant l'exercice de 5 millions de personnes, et son bénéfice de plus de 40 millions d'euros.

Le groupe prévoit d'essuyer une perte "supérieure à 200 millions d'euros au premier trimestre", celui où les effets du confinement se font pleinement sentir, et une perte un peu moindre au second trimestre.

Entre avril et juin Ryanair table sur moins de 1% de son programme de vols habituels. Il a déjà annoncé son intention de reprendre 40% de ses vols à partir de juillet à condition que les gouvernements rouvrent les frontières et en mettant en place des mesures sanitaires comme le port du masque et des contrôles de température.

Le groupe aérien n'anticipe cependant pas de réaliser "plus de 50% de son objectif d'origine de 44,6 millions de passagers" au deuxième trimestre et ne table que sur 80 millions de passagers sur l'exercice en cours, également près de moitié moins qu'envisagé avant la pandémie.

Des résultats "encourageants" ?

En outre, la concurrence sectorielle sera distordue par "des montants sans précédent d'aides d'Etat (enfreignant les règles européennes) avec plus de 30 milliards d'euros octroyés à Lufthansa, Air France-KLM, Alitalia, SAS et Norwegian entre autres", dénonce Ryanair qui s'attend à des tarifs "inférieur aux coûts" pour ces entreprises.

La semaine dernière, le tonitruant président de Ryanair Michael O'Leary avait comparé les compagnies en difficulté qui réclament l'aide des Etats à "des junkies". Le groupe a saisi la justice européennes concernant notamment les aides à SAS et aux compagnies françaises.

"Nous pensons que les résultats de Ryanair sont plutôt encourageants car ce qui compte le plus dans ces cas-là c'est de réduire les dépenses de liquidités et c'est ce que Ryanair a fait", estime Naeem Aslam, d'Avatrade.

Il remarque cependant que les mesures de quarantaine annoncées au Royaume-Uni, en Irlande et en Espagne devraient décourager beaucoup de voyageurs de prendre l'avion.

Ryanair dit par ailleurs disposer d'un bilan solide avec 4,1 milliards d'euros de liquidités notamment grâce à un prêt de 600 millions de livres des autorités britanniques, et avoir tranché dans ses coûts (annulation de rachats d'actions, investissements repoussés...).

Ryanair a annoncé vendredi la suppression de 250 emplois administratifs dans plusieurs pays européens et avait déjà dit planifier la suppression de 3.000 postes, essentiellement de pilotes et personnels de cabine, soit 15% de ses effectifs.

Enfin, le groupe rappelle qu'il ne compte pas recevoir livraison de son premier appareil Boeing MAX-200 avant octobre, à cause des déboires de ce modèle qui a donné lieu à deux crashs meurtriers.

De son côté le patron du premier aéroport britannique, Heathrow, a appelé dimanche sur Sky News les autorités à permettre une reprise des vols entre "pays à faible risque" pour permettre un redémarrage de l'économie et en partie du tourisme.

En termes de mesures sanitaires, John Holland-Kaye préconise un "passeport d'immunité" qui serait attribué aux personnes ayant guéri du coronavirus.

afp/fr