Christine Lejoux

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'industrie américaine de l'énergie représente un véritable paradoxe. Les groupes pétroliers accusent la plus forte chute sectorielle à la Bourse de New York depuis le début de l'année, alors que ce sont eux qui devraient, à nouveau, être les principaux contributeurs de la croissance des bénéfices des sociétés de l'indice S&P 500, au deuxième trimestre.

Dans le sillage de la chute de 20% environ du cours de l'or noir depuis son pic de février, le sous-indice S&P 500 de l'énergie plonge de 14,56% depuis le 1er janvier. Avec les services de télécommunications (-11,78%), l'énergie est l'un des deux seuls secteurs à afficher une performance négative à Wall Street depuis le début de l'année. A titre de comparaison, l'indice élargi S&P 500 progresse de 8,74% sur la même période.

L'industrie de l'énergie devrait pourtant clore le deuxième trimestre sur une envolée de 401% de ses bénéfices, soit la plus forte augmentation des onze secteurs d'activité répertoriés dans les sous-indices S&P 500, comme cela a déjà été le cas au premier trimestre, selon FactSet. L'ensemble des sociétés du S&P 500 devraient ainsi achever la période d'avril à juin sur une hausse de 6,5% de leurs résultats, en moyenne. Hors valeurs de l'énergie, cette progression serait ramenée à 3,6%.

Un effet de base favorable

Mais cette belle performance attendue dans l'industrie énergétique tient essentiellement à un effet de base favorable. Les valeurs du secteur avaient dégagé un bénéfice cumulé de 1,9 milliard de dollars seulement au deuxième trimestre 2016, en raison du décrochage des cours du pétrole sur fond d'inquiétudes liées à la vigueur de l'économie chinoise.

Sur le deuxième trimestre 2017, qui est en passe de s'achever, le prix du pétrole s'établit à 49,06 dollars en moyenne, un niveau supérieur de 7,6% à celui enregistré au deuxième trimestre 2016, selon FactSet. D'après le consensus élaboré par le fournisseur de données financières, le secteur de l'énergie devrait ainsi être en mesure de publier un bénéfice total de 9,6 milliards de dollars au titre du deuxième trimestre 2017, soit un bond de 7,7 milliards de dollars par rapport à la même période de l'an dernier.

Mais combien de temps cette amélioration des profits des groupes pétroliers va-t-elle durer, à l'aune de la volatilité des prix du baril, conséquence des préoccupations des investisseurs quant à la capacité des pays producteurs à réduire une mondiale excédentaire ? "Nous conseillons d'éviter ce secteur", écrivent les analystes de Schaeffer's Investment Research. La société de recherche observe en outre qu'en dépit de la sous-performance des valeurs de l'énergie ces derniers mois, le nombre de recommandations d'achat de ces titres par les analystes financiers a augmenté depuis un an, alors que le nombre de conseils de vente n'a que légèrement diminué. "Il s'agit d'une combinaison malsaine, qui laisse penser que le secteur de l'énergie pourrait continuer à décevoir (en Bourse)", estime Schaeffer's Investment Research.

Un secteur qui vaut encore cher en Bourse

Cette hypothèse est d'autant plus plausible qu'après son rally de 2016, et malgré sa chute depuis janvier 2017, le sous-indice S&P 500 de l'énergie se paie encore 24,15 fois les bénéfices estimés pour les 12 prochains mois. Alors que le S&P 500 se traite sur la base d'un multiple de 17,7, jugé déjà élevé par nombre d'investisseurs.

Les analystes de Deutsche Asset Management rappellent de leur côté les forts rendements servis par les valeurs de l'énergie, mais s'interrogent sur la capacité des groupes pétroliers à continuer à verser des dividendes conséquents à leurs actionnaires si la baisse des prix du pétrole se mue en un phénomène durable. La descente aux enfers des valeurs américaines de l'énergie n'est sans doute pas terminée.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH