(A nos abonnés : voici la rediffusion de notre chronique Plus USA publiée mercredi en début de soirée)

Justin Lahart,

The Wall Street Journal

NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Si les investisseurs ont jusqu'à présent considéré l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche comme une aubaine pour le marché, il semblerait que ce soit de moins en moins le cas.

L'élection du milliardaire américain a confronté les investisseurs à deux analyses concurrentes. D'un côté, cette victoire a amplifié les incertitudes politiques. Le nouveau président manquait d'expérience sur le terrain politique, ses projets n'étaient que de vagues esquisses et ses idées sur certains sujets, comme le commerce, étaient aberrantes du point de vue du marché. De l'autre, une présidence Trump et un Congrès à majorité républicaine ouvraient la voie à d'importantes réductions d'impôts, à une déréglementation et à d'autres mesures favorables aux entreprises, constituant un atout majeur pour les résultats et la croissance.

Aucune réforme majeure attendue en 2018

Pendant toute l'année 2017, l'éventualité d'une réforme fiscale a revêtu une importance considérable pour les investisseurs et entraîné une forte hausse des actions. Les premiers fruits de cette réforme seront bientôt visibles, à mesure que les entreprises publieront pour le premier trimestre des résultats bien supérieurs à ceux de l'an dernier.

Or ces réductions d'impôts sont désormais prises en compte et l'amélioration attendue des résultats est déjà intégrée aux cours de Bourse.

Aucune nouvelle réforme de ce type n'étant attendue de Washington cette année, les investisseurs restent maintenant confrontés aux incertitudes politiques qui avaient marqué l'entrée en fonction de Donald Trump.

Et en ce moment, les incertitudes sont à leur comble. Le bras de fer commercial entre Washington et Pékin inquiète le marché et les récentes démissions à la Maison-Blanche, notamment celle le mois dernier du principal conseiller économique de Donald Trump, Gary Cohn, laissent entendre que la croisade protectionniste du président américain ne fait que commencer.

Envol de la volatilité et des valorisations

L'indice S&P 500 a progressé de 34% entre le jour de l'élection et son pic de janvier, mais a reculé depuis de 8%. Et avec l'instabilité du marché, l'indice VIX de volatilité du CBOE s'est envolé.

En outre, les valorisations boursières restent élevées même après le récent mouvement de vente. Il est en conséquence plus difficile pour les actions d'absorber les mauvaises nouvelles sans continuer à reculer. L'indice S&P 500 affiche un multiple de 16,4 fois les résultats attendus, selon FactSet. Si ce ratio cours-bénéfice est inférieur à celui de 18,6 enregistré en janvier, il reste néanmoins historiquement élevé.

Cela ne signifie pas que les actions ne pourront pas remonter aux points hauts atteints en janvier. L'économie demeure robuste, les résultats seront encourageants et la Réserve fédérale ne semble pas s'inquiéter outre mesure de l'inflation. La difficulté provient du fait que ces facteurs sont déjà largement pris en compte par le marché.

Pour acheter, les investisseurs auront besoin de mobiles supplémentaires, comme l'assurance que les Etats-Unis et la Chine ne s'engageront pas dans une guerre commerciale et que les troubles à la Maison-Blanche finiront par s'apaiser. Mais il leur faudra surtout quelques bonnes nouvelles à intégrer à leurs conjectures, par exemple des signes présageant une nouvelle accélération de la croissance, avec encore moins d'inflation qu'anticipé. En attendant, le terrain boursier pourrait se révéler miné.

-Justin Lahart, The Wall Street Journal (Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH

Agefi-Dow Jones The financial newswire