Point méthodologique. Wall Street divise depuis longtemps les grandes phases boursières entre "bear market", un marché qui baisse symbolisé par un ours et "bull market", un marché qui monte symbolisé par un taureau. Comme souvent, l'origine de la symbolique a été égarée. Serait-ce lié aux façons d'attaquer des deux bestiaux : de haut en bas pour le plantigrade et de bas en haut pour le bovidé ? Ou aux habitudes des négociants en peaux, qui vendaient celles de l'ours avant de l'avoir tué ? Diverses explications circulent. Une chose est sûre, le marché estime communément qu'un "bear market" s'installe lorsqu'une baisse atteint ou dépasse 20% par rapport aux sommets précédents. En l'absence d'un tel événement, le marché est haussier.

C'est le cas du S&P500, dont l'ascension a démarré le 9 mars 2009. A l'époque, l'indice large américain avait touché un plus bas depuis 1996 à 676,53 points. Avant l'ouverture du 21 août, il cote 2 857. Le record qui tiendra jusqu'à demain est de 3 452 jours (9 ans, 5 mois et 13 jours), soit la phase de hausse non-interrompue par un "bear market" affichée par le S&P 500 entre le 11 octobre 1990 et le 24 mars 2000.

Pic 2018 le 26 janvier

Par esprit de contradiction (et parce que la gestion DWS nous l'a soufflé), on signalera qu'un scénario peut toutefois faire dérailler ce nouveau record : si le S&P500 ne parvient pas à dépasser son record du 26 janvier dernier (2 872,87 points) ET qu'il perd 20% par rapport à ce record, tout s'écroule. Actuellement, l'indice américain a cédé 10% par rapport au 26 janvier. S'il venait à perdre encore autant, le "bear market" serait avéré et le record de longévité ne serait plus d'actualité. En effet dans une telle hypothèse, le "bull market" se serait achevé le 26 janvier et n'aurait duré que 3 245 jours, soit 8 ans, 10 mois et 17 jours.
 

La durée des différents "bull markets" depuis 1970 (Source DWS - Cliquer pour agrandir)

Comme le montre le graphique ci-dessus, la gestion allemande DWS souligne que cette phase historiquement longue est d'autant plus remarquable qu'elle a eu lieu au cours d'un cycle économique dont la dynamique était moins forte que les précédents. Cela s'explique par la capacité d'adaptation des entreprises, qui affichent encore des résultats très élevés, ce qui était long d'être le cas à la fin du cycle 1990-2000.

Les responsables de l'investissement de DWS ne savent pas vraiment quand le cycle actuel se terminera et ne s'en cachent pas. Mais ils rappellent aussi que le cycle 1990-2000 pourrait presque être étendu à 1987-2000, c’est-à-dire peu après le "Black Monday" du 19 octobre 1987 au pic de la bulle internet le 24 mars 2000. En effet, le "bear market" de 1990 fut assez bref en durée et en intensité (3 mois, -20%). Sur cette base, il faudrait patienter jusqu'au mois de juin 2021 pour que le record tombe… mais en trichant un peu avec la définition.