Le sentiment général qui ressort depuis le début de la saison des publications trimestrielles est que les entreprises sont confrontées à un ralentissement économique. La couverture médiatique va d'ailleurs largement en ce sens. La panique qui s'est emparée des investisseurs en octobre n'y est pas étrangère, pas plus que les résultats, effectifs ceux-là, de certains compartiments emblématiques. Parmi les déceptions, on retrouve globalement deux types de dossiers. Des anges déchus d'abord, dont le cycle se détériore. C'est le cas du compartiment automobile. Des entreprises dont les résultats sont encore stratosphériques, ensuite, mais dont la pente peine désormais à justifier des valorisations très généreuses. Les attaques récentes sur les technologiques  américaines en sont l'illustration. Mais en dehors de ces situations, la tendance générale est plutôt solide, comme le prouvent les données qui suivent.
 
Les éléments que nous partageons ont été compilés par Barclays à partir des données Bloomberg et reposent sur les publications au 30 octobre. Globalement, les comptes de résultats continuent leur ascension à bon rythme au niveau des ventes et des bénéfices (plus élevé aux Etats-Unis qu'en Europe). 52% des entreprises européennes et 82% des entreprises européennes ont dépassé les attentes de bénéfice par action. La donnée brute est rassurante mais la donnée relative aussi : les 52% du vieux continent sont proches de la moyenne historique tandis que les 82% des Etats-Unis sont le meilleur chiffre affiché depuis le 1er trimestre 2010. Sur les chiffres d'affaires, 49% des entreprises européennes ont fait mieux que prévu (-6% par rapport à la moyenne historique), un ratio qui monte à 58% aux Etats-Unis (en ligne avec la moyenne).
 
Focus sur l'Europe
 
Evidemment, vous avez l'intuition que tout ne s'est pas passé de la même façon partout, et vous avez raison. Si l'on descend d'un cran à l'échelle sectorielle en Europe, que constate-t-on ? Sur le tableau ci-dessous, quatre secteurs ont moins dépassé les attentes que les autres (en jaune).
 

Source Barclays avec Bloomberg (Cliquer pour agrandir)

Passons sur les Utilités et l'Immobilier, dont les résultats sont plus faciles à prévoir et qui prennent plus rarement le marché en défaut. Les deux points noirs sont la Consommation discrétionnaire et les Matériaux / Construction. Les contreperformances des deux secteurs (dont les résultats baissent significativement sur un an) expliquent en partie le sentiment morose du marché et l'accès de prudence sur les cycliques. Pour rappel, la poche Consommation discrétionnaire intègre l'automobile, sans doute le sous-segment le plus chahuté de la cote cette année. Dans les Matériaux, quelques avertissements ont eu lieu, notamment HeidelbergCement, LafargeHolcim et même Bouygues.
 
L'autre enseignement de cette mi-saison des publications du T3, c'est que les marchés sont nerveux, mais, ça aussi, vous l'aviez constaté. Le graphique qui suit montre les réactions moyennes le jour de l'annonce pour les sociétés qui ont publié au-dessus ou en-dessous des attentes.
 

Réaction moyenne le Jour J pour les sociétés qui ont dépassé (bleu foncé) ou manqué (bleu clair) le consensus (Source Barclays avec Bloomberg - Cliquer pour agrandir)

L'amplitude est plus forte qu'à l'accoutumée, même si la tendance historique est respectée : une société qui publie mal est plus sévèrement punie que n'est récompensée une société qui publie bien. Le même graphique appliqué au S&P500 américain montre que les réactions baissières ont été largement plus fortes que d'habitude en cas de manquement.
 
Côté révisions d'objectifs, environ 70% des sociétés européennes ont réitéré leurs anticipations, 17% les ont relevées et 13% les ont abaissées. Au second trimestre, les proportions étaient plutôt 75% / 18% / 7%. La tendance aux Etats-Unis est conforme aux publications du second trimestre. 

Moralité ? Les déceptions se sont concentrées sur certains sous-compartiments, qui ont largement plombé l'ambiance. Mais à mi-chemin, le bilan global reste favorable par rapport aux évolutions historiques.