Jamais deux sans trois. Après avoir proposé 3 800 puis 4 000 pence par titre, AB InBev, offre désormais 4 215 pence en cash aux actionnaires de SABMiller, soit une prime de 44% par rapport au cours de clôture de sa cible le 14 septembre, dernière séance avant l'apparition des premières rumeurs. A Londres, SABMiller gagne 1,88% à 3 690 pence, bien loin du prix proposé, signe que le marché ne croit pas à une nouvelle surenchère de la part du brasseur belge. Par ailleurs, les investisseurs restent prudents dans l'attente de plus détails sur les synergies potentielles découlant d'une telle fusion.

Pour mettre toutes les chances de son côté, le premier brasseur mondial a élaboré une offre alternative en titres qui permettrait aux principaux actionnaires de SABMiller de payer moins d'impôts que l'offre en cash. La dernière offre d'AB InBev s'élève 104 milliards de dollars.

Une attention qui semble être allée droit au coeur du cigarettier Altria. La société américaine, qui détient 26,56% de SABMiller, a apporté son soutien à la solution alternative. Elle souhaite maintenant que les deux groupes engagent rapidement des discussions susceptibles d'aboutir à une recommandation favorable du conseil d'administration de SABMiller. La pression est donc désormais sur la famille colombienne Santo Domingo, qui détient 13,9% du brasseur britannique.

En parallèle à l'offre de 4 215 pence par titre, AB InBev propose donc 2 370 pence en numéraire plus 0,48 titre AB InBev spécial et non coté, convertible en action ordinaire à l'issue d'une période bloquée de cinq ans. Cette alternative, conçue en priorité pour Altria et la famille Santo Domingo, se limitera à 41% du capital de SABMiller.

Bryan Garnier a réduit son objectif de cours sur le brasseur britannique de 5 000 à 4215 pence et confirmé sa recommandation d'Achat. Les arguments susceptibles de justifier une surenchère ne manquent pas selon le courtier. Toutefois, dans l'environnement actuel, SABMiller ne peut exiger davantage.

Un mariage entre ces deux géants de la bière se dessine donc pour former un "OPEP" de la bière. La nouvelle entité produirait en effet plus du tiers de toute la bière consommée dans le monde, contre 41% du pétrole pour le cartel.

(P-J.L)