WASHINGTON (awp/afp) - Le groupe américain d'ingénierie et d'électronique Teledyne a dit avoir reçu un "avis négatif" du ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, au rachat de l'entreprise Photonis, spécialisée dans la photodétection, selon un document déposé auprès du gendarme boursier américain.

"Le 31 mars 2020, Teledyne a été verbalement informé par l'Office des investissements étrangers de la France d'un avis négatif du ministre français de l'Économie et des Finances ("MoE") concernant une demande de Teledyne visant à obtenir une autorisation d'investissement étranger", explique le groupe américain dans ce document transmis vendredi à la SEC, le gendarme de la Bourse américain.

Teledyne "attend actuellement une réponse écrite du MoE", confirmant avoir mené "des discussions avancées pour acquérir Photonis (...) pour environ 550 millions de dollars", soit 509 millions d'euros, selon ce courrier, confirmant une information du journal français La Tribune dimanche.

Bruno Le Maire avait déjà fait état de son opposition à ce rachat par le groupe américain, souhaitant que cette pépite, propriété du fonds Adrian, reste entre des mains françaises.

Début mars, il avait indiqué avoir demandé au groupe hexagonal Thales d'étudier ce rachat.

Le gouvernement français surveille de près cette cession via le dispositif de contrôle des investissements étrangers en France, grâce auquel il peut empêcher le rachat d'une entreprise française par un acteur étranger si elle revêt un intérêt stratégique pour le pays.

En octobre, le délégué général à l'Armement (DGA), Joël Barre, avait affirmé aux sénateurs avoir "demandé à deux maîtres d'oeuvre compétents en matière d'optronique, Thales et Safran, de se pencher sur le dossier".

Les deux industriels avaient par la suite fait savoir qu'ils n'étaient pas intéressés, selon plusieurs sources proches du dossier.

L'Observatoire de l'intelligence économique français (OIEF) avait également appelé à "préserver le caractère national des entreprises stratégiques comme Photonis", proposant qu'un groupement d'industriels français de la défense s'associe à des organismes financiers (la Banque publique d'investissement et des fonds d'investissements français) pour la reprise de Photonis.

Photonis, société basée à Mérignac près de Bordeaux (Gironde), compte plus de 1.000 salariés et travaille pour les secteurs de l'aéronautique, de la recherche ou encore de la défense.

Elle produit notamment des éléments d'intensification de lumière utilisés dans les jumelles de vision nocturne et des instruments utilisés par le Laser mégajoule, sur un site du Commissariat à l'énergie atomique destiné à tester par simulation des explosions nucléaires.

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