Safran est associé à General Electric dans la production des moteurs de cet avion et réalise l'essentiel de son câblage ainsi que des équipements allant des masques à oxygène aux systèmes de carburant, aux toboggans, à l'éclairage et aux portes du cockpit après l'acquisition de Zodiac Aerospace en 2018.

L'immobilisation au sol du 737 MAX depuis près de 12 mois après deux accidents mortels affecte les perspectives du groupe pour 2020, Safran prévoyant un chiffre d'affaires stable ou en baisse de 5% alors même que le revenu opérationnel devrait augmenter d'environ 5%. Pour atteindre ces prévisions, le groupe a indiqué qu'il réaliserait 300 millions d'euros d'économies et prendrait d'autres mesures pour faire face aux difficultés de 737 MAX."2020 est une année de défis, mais nous avons toute la solidité nécessaire (...) pour atteindre nos objectifs", a déclaré le directeur général Philippe Petitcolin à des journalistes.

Le plan d'adaptation de Safran pour faire face à la situation du 737 MAX comprend des économies sur les coûts directs, les frais généraux, un gel des embauches et une réduction des dépenses de R&D et d'investissements pour 2020.

Le groupe indique aussi avoir négocié un nouvel accord avec Boeing pour fixer de nouvelles modalités de paiement en 2020 sur le 737 MAX, sans donner plus de détails.

Sur une base organique, le résultat opérationnel de Safran a progressé l'an dernier de 24,6%, à 3,82 milliards d'euros, et le chiffre d'affaires a augmenté de 9,3%, à 24,64 milliards d'euros.

Les analystes tablaient en moyenne sur un résultat opérationnel de 3,75 milliards et sur des revenus de 24,484 milliards, selon des données Refinitiv.

Le groupe a enregistré une croissance dans toutes ses branches d'activité, notamment dans la division Aircraft Interiors récemment achetée et restructurée.

INCERTITUDES SUR L'IMPACT DE CORONAVIRUS

A 10h18, le titre Safran évoluait en léger repli dans la matinée (-0,30% à 131,9 euros), surperformant un marché nettement baissier (-1,80% pour l'indice CAC 40).

Certains analystes déplorent des prévisions plus prudentes qu'attendu, d'autant que Safran a prévenu qu'il allait revoir ses ambitions à moyen terme une fois que la remise en service du 737 MAX, attendue en milieu d'année, et la nouvelle montée en cadence de la production auront été clarifiées.

Safran a aussi indiqué que sa co-entreprise CFM livrerait 1.400 moteurs LEAP en 2020, contre un objectif annoncé précédemment de 2.000 livraisons.

L'épidémie de coronavirus, qui touche durement le trafic aérien, est un autre sujet de préoccupation.

Très suivi, le chiffre d'affaires des activités de services pour moteurs civils exprimé en dollars a augmenté de 9,9% en 2019 et Safran a prédit une croissance entre 7% et 9% cette année, "dès lors que l'impact du coronavirus sur le trafic aérien ne se prolonge pas au-delà du 1er trimestre 2020".

Le directeur général Philippe Petitcolin a dit s'attendre à ce que le trafic aérien redémarre progressivement à partir d'avril, une prévision basée sur ce qui s'était passé lors de l'épidémie de Sras en 2003.

Il a indiqué qu'entre 74% et 95% des 2.000 employés chinois du groupe avaient repris le travail au début de cette semaine, alors que le secteur manufacturier chinois reprend progressivement la production.

Certains des fournisseurs de Safran les plus proches de la province de Hubei, l'épicentre de l'épidémie, sont à près de 40%, mais d'autres sont déjà à pleine vitesse de production, a-t-il dit.

(version française Blandine Hénault, édité par Jean-Michel Bélot)

par Tim Hepher et Laurence Frost