En dehors du Royaume-Uni, où la marge du groupe a reculé, ces dépréciations portent pour l'essentiel sur les magasins Lapeyre en France, à hauteur de 372 millions, les activités de canalisation (-511 millions) - deux activités en cours de restructuration - ainsi que sur la distribution en Allemagne (-212 millions), dont le processus de cession annoncé "avance bien" selon Saint-Gobain.

Le numéro un mondial des matériaux de construction accuse ainsi un recul de 73,2% de son résultat net, part du groupe, à 420 millions, qui masque une progression organique de 4,5% de son résultat d'exploitation à 3,1 milliards d'euros, un chiffre conforme aux attentes (consensus IBES/Refinitiv 3,08 milliards).

Le PDG de Saint-Gobain, Pierre-André de Chalendar, a lancé en novembre un vaste plan de réorganisation, qui prévoit de réaliser 250 millions d'euros d'économies d'ici 2020 et de céder trois milliards d'euros d'actifs d'ici la fin de cette année. Une nouvelle revue d'actifs devrait être lancée dans la foulée.

L'activité de distribution "Raab Karcher" en Allemagne - dont le mandat de vente a été confié à Goldman Sachs - est le principal actif concerné par ce programme de cession.

En ce qui concerne 2019 - année où les économies de coûts atteindront 50 millions - Saint-Gobain se dit confiant et prévoit une nouvelle progression organique du résultat opérationnel.

"L'année 2019 a bien commencé. Globalement, je m'attends à des marchés qui vont rester encore solides avec une très bonne tenue aux Etats-Unis", a déclaré à Reuters Pierre-André de Chalendar, lors d'un entretien téléphonique.

FAIBLE IMPACT DES GILETS JAUNES EN FRANCE

En France - où la croissance a atteint 3% en 2018 avec un faible impact des Gilets jaunes - le PDG s'attend cette année à une montée en puissance de la rénovation, qui devrait prendre le relais de la construction neuve, un marché qui risque d'être plus difficile au second semestre au regard de la baisse actuellement observée des mises en chantier.

Dans le reste de l'Europe, la dynamique devrait se poursuivre dans les pays nordiques - en particulier la Suède -, qui constituent ensemble la deuxième zone en terme d'activité pour le groupe derrière la France et avant les Etats-Unis.

"Les résultats 2018 sur le plan opérationnel sont très solides et montrent l'amélioration que j'avais indiquée au mois de juillet, après un premier semestre un peu en demi-teinte", observe le PDG, soulignant que le résultat d'exploitation a enregistré une progression de 7,2% au second semestre contre seulement +1,7% au premier.

En Europe, l'activité a déjà été tirée l'an dernier par les pays nordiques, les résultats étant en revanche contrastés en Allemagne où la construction s'est améliorée mais où les activités vitrage ont été affectées par la baisse du marché automobile, qui a pénalisé les grands constructeurs allemands, clients de Saint-Gobain.

Sur le plan opérationnel, le groupe est désormais organisé autour de quatre divisions régionales (Europe du Nord, du Sud, Amérique et Asie-Pacifique) - qui donne une large autonomie aux équipes locales - et d'une division globale pour les produits de haute performance, comme le vitrage automobile, dont les clients sont mondiaux.

Le titre Saint-Gobain s'est redressé depuis le début de l'année (+13%) sans toutefois compenser la chute de 36,6% accusé en 2018 en raison des contre-performances du groupe.

(Edité par Benoît Van Overstraten)

par Jean-Michel Belot