par Se Young Lee

SÉOUL, 28 mars (Reuters) - Après le rappel massif des smartphones Galaxy Note 7 en raison d'un risque d'explosion de leurs batteries, Samsung Electronics a choisi d'éluder le problème de la sécurité pour la présentation mercredi son combiné vedette Galaxy S8, alors qu'il doit regagner la confiance des consommateurs.

"Si on parle de sécurité, cela suppose d'avoir une raison de le faire, inconsciemment, il le sait et il sait aussi que les médias reprendront ce récit", a déclaré Eric Schiffer, un expert en stratégie de marque et président de Reputation Management Consultants.

"Souligner le problème de sécurité à ce stade fera que l'autre récit sera recyclé, alors il a choisi d'éluder et d'espérer", ajoute-t-il.

Samsung s'est refusé à tout commentaire avant le lancement de nouveau combiné.

Après une enquête de plusieurs mois, le groupe sud-coréen avait confirmé en janvier qu'un défaut de batterie était à l'origine des combustions de ses téléphones et il s'était engagé à améliorer la sécurité de ses produits.

Il dispose désormais d'un protocole de contrôle de sécurité en huit points dont une radiographie des batteries. Et, au niveau de la conception, les téléphones disposent de davantage de place pour loger correctement la batterie.

Ces mesures ont été mises en oeuvre dans le développement du S8, a dit Samsung.

Les dirigeants du groupe ont promis que le fiasco industriel du Note 7 ne serait pas répété, a dit à Reuters une source proche du dossier, ajoutant que le lancement S8 avait été repoussé pour s'assurer que le produit est sûr.

"Les mesures supplémentaires que Samsung a prises devraient certainement améliorer la sécurité des batteries et leur durabilité", a déclaré Lewis Larsen, président de Lattice Energy, un cabinet de conseil spécialisé dans la sécurité des batteries. "Ce ne sont certainement pas uniquement des étapes cosmétiques pour le spectacle", a-t-il ajouté.

Samsung a également mis à la tête de son nouveau service de contrôle qualité un dirigeant de longue date du groupe et amené sa filiale Samsung SDI, à l'origine des batteries défectueuses, a investir 150 milliards de wons (124 millions d'euros) dans l'amélioration de la sécurité.

LES CONSOMMATEURS PENSENT À LA SÉCURITÉ

Samsung avait à l'époque pointé du doigt des problèmes dans le procédure de fabrication de la batterie fournie par Samsung SDI comme étant la cause de l'incendie du Note 7.

Mais les nouveaux appareils équipés d'une batterie fournie par Amparex Technology avaient continué à prendre feu, amenant le groupe à retirer le Note 7 des rayons et à comptabiliser une charge d'exploitation qui a amputé son bénéfice de 6.100 milliards de wons sur trois trimestres.

Samsung a annoncé lundi son intention de vendre des versions reconditionnées à neuf de ses smartphones Galaxy Note 7 qui avaient été retirés du marché avec une nouvelle batterie, conforme aux nouvelles normes de sécurité.

Le groupe a dit l'an dernier avoir identifié seulement 140 batteries défectueuses dans plus de trois millions Note 7 vendus.

"A quel point sont-ils confiants sur le fait qu'ils peuvent effectivement trouver une cellule défectueuse avec ces contrôles supplémentaires", s'interroge Venkat Viswanathan, professeur assistant à Carnegie Mellon et expert en technologie des batteries. "C'est comme rechercher une aiguille dans une botte de foin."

Mais la sécurité est encore à l'esprit des acheteurs potentiels pour ce nouveau téléphone.

Dans une enquête dans laquelle on demandait aux éventuels clients quelles fonctionnalités ils attendaient avec impatience dans la S8, un utilisateur de Twitter a plaisanté: "Un téléphone qui n'explose pas."

Certains analystes s'attendent à ce que le S8, qui devrait être mis en vente le mois prochain, surpasse le Galaxy S7, qui était le combiné le plus vendu de Samsung lors de sa première année de lancement.

D'autres analystes estiment cependant que des consommateurs pourraient vouloir attendre quelques mois avant d'acheter ce combiné, juste pour être certains qu'ils sont sûrs. (avec les contributions de Joyce Lee et de Hyunjoo Jin à Séoul et de Jeremy Wagstaff à Singapour, Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)

Valeurs citées dans l'article : Samsung Electronics Co Ltd, Samsung SDI Co Ltd