* Samsung arrête la production et la vente du Note 7

* Les partenaires ne doivent plus vendre le Note 7 ou l'échanger

* Les autorités demandent aux clients de cesser d'utiliser le Note

* Près de $20 milliards de capitalisation boursière envolée (Actualisé avec des détails, citations, contexte)

par Se Young Lee

SEOUL, 11 octobre (Reuters) - Samsung Electronics a annoncé mardi l'arrêt définitif des ventes du Galaxy Note 7, moins de deux mois après le lancement de ce téléphone mobile haut de gamme, qui a fait l'objet d'un rappel massif et terni l'image de marque du géant sud-coréen.

Incapable de résoudre les problèmes de surchauffe de la batterie du Note 7 à l'issue d'un premier rappel de 2,5 millions d'exemplaires début septembre, Samsung a finalement tiré un trait sur cet appareil vendu aux Etats-Unis à 882 dollars. Cet échec pourrait être l'un des plus retentissants de l'histoire des nouvelles technologies.

La décision d'abandonner le Note 7 survient après des informations faisant état de nouvelles explosions malgré le remplacement de la batterie des modèles incriminés.

Dès lundi, deux opérateurs télécoms américains, AT&T et T-Mobile US, ainsi que l'australien Telstra , ont annoncé une suspension temporaire de la vente ou de l'échange des Note 7, et les compagnies aériennes continuent d'interdire son utilisation en vol.

"Nous avons décidé d'arrêter la production et la vente du Galaxy Note 7 d'abord et avant tout par souci de sécurité pour nos consommateurs", a déclaré dans un avis boursier Samsung.

Auparavant, Samsung avait demandé à ses partenaires partout dans le monde de cesser les ventes et les échanges de ses Galaxy Note 7, tout en ajoutant collaborer avec les autorités de régulation pour enquêter sur le problème.

La catastrophe industrielle du Galaxy Note 7 ne soulève pas seulement des questions sur le contrôle de la qualité chez Samsung, elle pourrait aussi ternir la réputation du géant sud-coréen et lui coûter jusqu'à 17 milliards de dollars de perte de chiffre d'affaires..

En Bourse, la capitalisation de Samsung a déjà fondu de presque 20 milliards de dollars, le titre ayant terminé en baisse de 8% à Séoul, sa plus forte chute en une séance depuis 2008.

"C'est la première fois que je vois un rappel se passer aussi mal", écrit l'analyste financier Richard Windsor dans une note à ses clients. "Pour ce qui concerne les dommages qu'il va provoquer pour la marque Samsung, c'est toute la question".

En lançant le Galaxy Note 7 le 19 août, Samsung voulait prendre de vitesse Apple, son grand rival dans les smartphones, qui préparait la sortie de l'iPhone 7 pour le 7 septembre.

L'appareil du sud-coréen avait été initialement bien accueilli par les critiques et souffrait même de pénurie en raison de pré-commandes largement supérieures à l'offre.

Mais, quelques jours après ce lancement, des images de Galaxy Note 7 brûlés ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, signalant ainsi un sérieux problème.

COMBLER LE VIDE

Samsung, premier fabricant mondial de téléphones, dispose d'une part de marché qui est près du double de celle d'Apple , avec 77,6 millions d'appareils vendus rien qu'au deuxième trimestre, relève Neil Mawston, analyste au cabinet d'études Strategy Analytics.

Le groupe sud-coréen comptait sur le Note 7 pour prendre le relais du Note 5, vendu à environ 15 millions d'exemplaires au cours des quatre trimestres s'achevant en juin, selon les données de Strategy Analytics.

Samsung va désormais se contenter du Galaxy S7 Edge, dont l'écran est plus petit, pour assurer sa croissance.

Le vide laissé par le Note 7 offre aux concurrents de Samsung une opportunité inespérée, Apple ayant lancé le mois dernier son combiné vedette iPhone 7 et Google ayant présenté ce mois-ci un nouveau téléphone baptisé Pixel.

Mais les plus grands bénéficiaires des déboires de Samsung pourraient être les fabricants asiatiques qui misent sur les volumes pour vendre à prix cassés des modèles haut de gamme fonctionnant sous le système Android de Google.

"Le vide est susceptible d'être comblé par les concurrents, dont Apple et Google avec le Pixel, mais Oppo, Vivo, LG Electronics et Sony devraient le plus en profiter", estime Neil Mawston.

Oppo et Vivo sont des marques du géant chinois de l'électronique BBK Electronic, un groupe non coté.

Samsung n'a pas dit s'il avait identifié la cause des incendies sur les modèles de remplacement du Galaxy Note 7. Le groupe a dit étudier plusieurs pistes, y compris celle des batteries.

Elliott Kaye, président de la Commission américaine de sûreté des produits de consommation, a dit que Samsung avait pris la bonne décision en suspendant les ventes du Galaxy Note 7, tout en exhortant à son tour les consommateurs à ne pas utiliser l'appareil.

L'agence coréenne de la technologie et des normes techniques a émis la même recommandation, ajoutant qu'elle coopérerait avec Samsung pour déterminer la marche à suivre. (Patrick Vignal, Benoît Van Overstraeten et Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

Valeurs citées dans l'article : Samsung Electronics Co Ltd, Apple Inc.