(Actualisation : réaction en Bourse, commentaires d'analystes, contexte)

Le titre Sanofi (>> Sanofi) accuse vendredi le plus fort repli du CAC 40, alors que la justice américaine a décidé de bloquer les ventes du Praluent aux Etats-Unis, un des médicaments phares du groupe pharmaceutique, dans le cadre du conflit qui l'oppose à Amgen (>> Amgen, Inc.) depuis plusieurs années.

A 10h09, l'action Sanofi perdait 2,4% à 76,38 euros.

Le tribunal de première instance américain du district du Delaware a prononcé jeudi une interdiction de la commercialisation, de la vente et de la fabrication du Praluent aux Etats-Unis pendant la durée de validité de deux brevets du concurrent Amgen (>> Amgen, Inc.). Sanofi et son partenaire américain Regeneron ont annoncé leur intention de faire appel.

"Les deux sociétés estiment que les brevets revendiqués par Amgen ne sont pas valides dans le cadre de l'action en contrefaçon en cours aux Etats-Unis", ont-ils indiqué dans un communiqué.

Le tribunal a donné un délai de 30 jours pour mettre en oeuvre sa décision et donner le temps à Sanofi et Regeneron de faire appel. "Praluent continue à être disponible pour les patients aux Etats-Unis en ce moment", ont précisé les deux groupes. Selon Citigroup, la décision de faire appel pourrait suspendre pendant un an l'injonction prononcée par le tribunal.

Des enjeux commerciaux cruciaux

Sanofi est en conflit depuis plusieurs années avec Amgen, qui l'accuse de violation de brevets. Sanofi a développé avec Regeneron le Praluent, tandis qu'Amgen commercialise le Repatha. Les deux médicaments ont reçu le feu vert pour une mise sur le marché en 2015.

Les deux médicaments appartiennent à une nouvelle classe de traitement anticholestérol appelée PCSK9. Leurs ventes se sont pour l'heure avérées décevantes, les assureurs santé rechignant à payer un prix élevé. Mais les analystes estiment que le Praluent et le Repatha pourraient finir par devenir des médicaments blockbusters.

Selon Goldman Sachs, les ventes du Praluent pourraient atteindre 1,5 milliard d'euros aux Etats-Unis en 2020, ce qui représenterait environ 3% à 4% du chiffre d'affaires total de Sanofi à cette date. Les analystes de la banque américaine estiment que le Praluent est l'un des principaux moteurs de la croissance future des ventes de Sanofi.

De leur côté, les analystes de Citigroup évaluent les ventes du Praluent à 150 millions d'euros en 2016, puis à 350 millions en 2017 avant un pic à 3,4 milliards d'euros en 2030.

De son côté, le Repatha d'Amgen pourrait atteindre un pic de vente à 2 milliards de dollars, selon les analystes de RBC Capital Markets. Ce pic pourrait même doubler à 4 milliards de dollars en cas de disparition du Praluent du marché, estiment-ils.

Possible arrangement avec Amgen

L'impossibilité de commercialiser le Praluent mettrait sous pression les objectifs de croissance à long terme de Sanofi et pourrait conduire le groupe à recourir à des opérations de croissance externe, ont prévenu vendredi les analystes de Goldman Sachs.

Le délai d'un mois accordé par la justice pourrait permettre de trouver un éventuel arrangement avec Amgen. Certains analystes estiment que Sanofi et Regeneron pourraient négocier avec Amgen le versement de royalties sur les ventes de Praluent. Citigroup évalue ainsi à 20% les royalties que pourrait verser Sanofi à Amgen sur les ventes de son médicament à partir de 2018.

Le chiffre d'affaires réalisé par le traitement est déjà partagé à parts égales entre Sanofi et Regeneron. "Réduire encore la rentabilité du médicament via un accord avec Amgen n'est pas une décision facile", soulignent les analystes de Bryan Garnier.

Mais un bannissement, même temporaire, du marché américain constituerait un lourd revers pour le Praluent, estiment-ils. Les médecins et les patients ont besoin de visibilité sur les traitements et il serait difficile de regagner leur confiance en cas de sortie du marché.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; 01 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com

(Jonathan Rockoff a contribué à cet article) ed: LBO/TVA

Valeurs citées dans l'article : Sanofi, Amgen, Inc.